Valuable insights
1.Production exponentielle : 5,3 millions de nouveautés par jour: Le géant de la mode rapide met en ligne un volume de nouveaux articles sans précédent, dépassant largement les concurrents établis, ce qui alimente la surconsommation et la mode jetable.
2.Utilisation intensive des Dark Patterns: L'application de dix-huit schémas de manipulation sur vingt existants, tels que les compteurs d'urgence, est utilisée pour inciter les consommateurs, en particulier les adolescents, à dépenser davantage.
3.Toxicité chimique des vêtements testés: Quatre vêtements sur cinq analysés contiennent des substances dangereuses, y compris des métaux lourds comme le chrome 6 et le nickel, dépassant parfois les limites réglementaires européennes de manière significative.
4.Conditions de travail extrêmes en sous-traitance: Les ouvriers fabriquant pour la marque travaillent fréquemment 75 à 80 heures par semaine pour des rémunérations à la pièce très basses, parfois moins de 0,39 € par pantalon.
5.Le Ghana submergé par les déchets textiles: Les dons de vêtements occidentaux non vendus finissent dans des décharges au Ghana, créant une crise environnementale majeure et des risques sanitaires graves pour les porteurs transportant des charges lourdes.
6.Le polyester : carburant de la fast fashion: La dépendance au polyester, dérivé du pétrole, soutient la croissance exponentielle des volumes produits, mais ces fibres synthétiques ne sont pas biodégradables, constituant une bombe à retardement pour la planète.
7.Le coût réel des prix bas: Les prix affichés, comme un jean à 20 € ou un t-shirt à 6 €, masquent des coûts sociaux et environnementaux considérables, favorisant une mode jetable.
Introduction et le Piège du Marketing d'Influence
Une créatrice de contenu spécialisée dans la mode, ayant précédemment collaboré avec SHEIN il y a trois ans, reçoit une proposition de collaboration inattendue pour les fêtes de fin d'année. Bien que la qualité des articles reçus précédemment ait été jugée insuffisante, typique de la fast fashion, l'intrigue suscitée par cette nouvelle approche pousse à une enquête approfondie sur le géant chinois. Cette décision marque un tournant, s'orientant désormais vers la mode de seconde main, mais la tentative de la marque de renouer le contact révèle un besoin d'explorer davantage les coulisses de cette entreprise.
L'industrie de la fast fashion repose sur l'exploitation, la surproduction et la surconsommation, n'est-ce pas ?
La surprise envoyée par la marque se révèle être un calendrier SHEIN Home, contenant des gadgets dont l'odeur de plastique est extrême. Cette avalanche de produits annexes confirme la tendance au « toujours plus » déjà observée lors des précédentes collaborations, incitant à démarrer une enquête d'un an sur les pratiques du détaillant.
L'Expansion et les Stratégies de Vente
L'enquête démarre par l'exploration des boutiques éphémères de la marque, ici consacrées à l'univers de la décoration intérieure. À l'origine simple boutique en ligne, SHEIN s'est étendue aux vêtements, chaussures et accessoires pour tous les publics, y compris les animaux de compagnie, ciblant potentiellement chaque être humain vivant sur la planète. Cette entreprise, ultra-innovante, maîtrise parfaitement les codes des réseaux sociaux, utilisant ces pop-up stores pour générer du buzz et relayer ses slogans.
Volume de production sans précédent
Pour quantifier l'ampleur des mises en ligne, un cabinet de veille concurrentiel est sollicité pour scanner le site. Les données révèlent un chiffre stupéfiant : 5 300 000 références sont publiées chaque jour au 1er février 2024. Ce chiffre est presque septante fois supérieur aux estimations de 7 000 nouveautés quotidiennes avancées par certaines fédérations environnementales. En permanence, le site affiche environ 25 000 000 de références.
Tactiques de stimulation de la demande
Afin d'écouler une telle offre, la demande doit être constamment stimulée. Une expérience de neuromarketing est menée pour observer comment l'attention est captée. Des éléments incitant à remplir le panier, tels que les offres de livraison gratuite, les bons de réduction, le système de parrainage ou les offres à durée limitée, sont identifiés comme des tactiques de manipulation appelées « Dark Patterns ».
- Les éléments qui créent une urgence d'achat (timers).
- Les avis et la note donnés par les autres consommateurs influençant la décision.
- L'exploitation des zones préfrontales des adolescents en développement social.
Logistique, Qualité et Toxicité des Articles
La préparation d'une commande implique généralement une expédition rapide par avion, un mode de transport extrêmement polluant. SHEIN affiche un bilan carbone de 380 et entretient un partenariat stratégique avec la plus grande compagnie aérienne chinoise, envoyant quotidiennement 5 000 tonnes de marchandises. Cependant, la marque dispose également d'entrepôts en Europe, comme en Pologne ou en Italie, ce qui peut raccourcir le trajet pour certaines commandes.
Évaluation de la qualité et de la toxicité
Des échantillons de vêtements variés sont soumis à des analyses en laboratoire pour évaluer leur qualité et leur toxicité, notamment une pièce présentant des irritations cutanées suspectes. Les articles sont soumis à des tests rigoureux incluant lavage répété, étirement et découpage. Parallèlement, un autre test vise à suivre la traçabilité des retours gratuits, en plaçant des mouchards pour déterminer la destination finale des articles renvoyés.
Sur les six pièces évaluées, seul le soutien-gorge parvient à tenir le choc des lavages. Ces résultats suggèrent que les économies réalisées à l'achat de vêtements SHEIN se traduisent en réalité par un gaspillage accéléré, car les articles ne sont pas conçus pour durer plusieurs années, contrairement à des vêtements de meilleure qualité.
On croit faire des économies quand on achète des vêtements Chine, pour ceux que j'ai testé en tout cas, c'est plutôt du gâchis.
Les Conditions de Travail en Chine
L'enquête se tourne ensuite vers les conditions sociales de production. Contrairement aux visites guidées organisées par la marque pour les influenceurs, un rapport de l'ONG Public Eye dénonce une réalité bien différente dans les fournisseurs. Il devient évident que lorsque le prix d'un top est de 8 €, il est impossible que ce vêtement ait été produit dans de bonnes conditions sociales, nécessitant une sensibilisation des jeunes consommateurs.
Enquête sur les ateliers de fabrication
Contacter un ouvrier sur place s'avère difficile, car les consignes strictes empêchent le personnel de parler aux médias étrangers. Cependant, avec l'aide d'un caméraman local dans la région de Canton, des milliers de petits ateliers sous-traitants sont filmés. Ces lieux servent de bureaux de recrutement où les ouvriers vendent directement leur force de travail aux patrons cherchant à faire fabriquer leurs commandes.
Pour atteindre un salaire mensuel maximum de près de 1200 €, les ouvriers sont contraints de travailler entre 75 et 80 heures par semaine. Cette pression pousse les individus à travailler de manière robotique afin de parvenir à un salaire jugé décent sur le papier pour la Chine, mais obtenu à un coût humain élevé.
Séparation familiale et heures excessives
L'enquête révèle que de nombreux ouvriers, comme celui interrogé, laissent leurs enfants et leurs épouses dans leur ville natale, située à plus de 1 000 km, afin de se concentrer sur ces horaires de travail exténuants. Ces situations confirment les observations faites antérieurement concernant le manque de contrats de travail et la rémunération exclusivement à la pièce.
L'Impact Environnemental et les Déchets au Ghana
L'enquête se déplace vers l'Afrique, au Ghana, capitale Accra, pour examiner le sort des vêtements renvoyés gratuitement. Chaque semaine, le marché de Kantamanto reçoit plus de 15 millions d'articles que les Occidentaux ne veulent plus porter, livrés en balles de 55 kg. Les acheteurs sur place vivent une loterie, certains trouvant des pièces de qualité, mais près de la moitié des vêtements arrivant sont invendables et finissent directement à la poubelle.
- Qualité incertaine, nécessitant une sélection drastique.
- Présence accrue de marques de fast fashion, y compris SHEIN, en augmentation.
- La quantité prime sur la qualité, menant à un gaspillage massif.
Le fardeau physique des porteuses de balles
La Fondation Viuor œuvre pour aider les femmes qui portent ces balles de vêtements, représentant parfois le poids de l'ouvrier lui-même, soit 55 kg, sur la tête. Ces charges engendrent des souffrances permanentes, affectant la mobilité et la colonne vertébrale. Le drame atteint son paroxysme lorsque, en se penchant, certaines femmes font tomber la balle, risquant d'écraser les enfants portés dans leur dos.
Je tremble cette voix ferme et révolté, c'est celle de Claire.
Le déversement des invendus
Dans le « coin de la dernière chance », des professionnels du « upcycling » transforment des articles destinés à la décharge. Des t-shirts sont découpés pour fabriquer des boxers ou des sous-vêtements. Cependant, ce trop-plein de vêtements déversé au Ghana n'est ni du recyclage ni de la charité ; c'est un poison. Les décharges textiles témoignent du colonialisme par les déchets, où les pays du Nord utilisent les pays du Sud comme poubelles.
Greenwashing, Réponse de SHEIN et Solutions
La pollution est visible sur les plages, où les vêtements emmêlés forment des « tentacules » charriés par les vagues. Ces déchets, qui ne trouvent pas preneur au marché, finissent dans la mer. Malgré les efforts de nettoyage menés par des militants, les vagues ramènent constamment de nouveaux détritus. L'enquête révèle que les articles renvoyés par avion ont parcouru des distances astronomiques, le jean ayant effectué 5 400 km, et le sac à main 9 600 km.
Analyse de la toxicité et réponse officielle
Les résultats de toxicité confirment les craintes : quatre vêtements sur cinq sont problématiques. Le pantalon marron contient du chrome 6 et du nickel à un taux trois fois supérieur à la limite européenne, tandis que la robe rouge dépasse le seuil autorisé de nickel de 300 fois. Ces substances, potentiellement cancérogènes ou allergènes, participent à la dégénérescence de la santé.
SHEIN affirme avoir effectué plus de 400 000 tests de sécurité chimique et avoir des normes égales ou supérieures aux normes industrielles. La marque prétend également éviter la surproduction grâce à son modèle à la demande. Néanmoins, l'entreprise refuse de commenter le chiffre quotidien de 30 000 nouveautés, signe que la machine de la fast fashion ne ralentit pas.
Vers des alternatives durables
La solution réside dans la réduction de la consommation et l'incitation à acheter mieux, notamment via la seconde main. Un espoir apparaît avec la transformation du polyester en matériaux de construction, comme des briques isolantes, suggérant une reconversion possible pour ces déchets. Il est souligné que la responsabilité ne doit pas reposer uniquement sur les consommateurs ; une régulation stricte du marché et l'amélioration du recyclage par les producteurs sont essentielles pour limiter l'impact de la fast fashion.
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