VASSILISSA LA TRÈS BELLE - HISTOIRE À ÉCOUTER ET DESSINER #6

Cette histoire, tirée de la tradition russe et intitulée Vassilissa la Très Belle, fut illustrée par Yves Enbilly Beane. Le récit commence avec un marchand dont la fille, Vassilissa, était si charmante qu'on la surnommait ainsi. Alors qu'elle n'avait que huit ans, sa mère tomba gravement malade et, avant de mourir, fit appeler sa fille pour lui faire un don précieux. La mère lui remit une petite poupée, lui demandant de la garder toujours avec elle, de ne la montrer à personne, et de lui offrir à manger en cas de malheur ou de besoin, assurant ainsi que la poupée deviendrait son soutien et son conseil.

Après l'expiration de sa mère, Vassilissa et son père furent submergés par le chagrin. Le père, contraint par ses affaires de s'absenter fréquemment, décida de se remarier avec une veuve possédant deux filles. Il espérait que cette nouvelle épouse saurait tenir le ménage et prendre Vassilissa sous son aile. Cependant, cette femme se révéla être une marâtre cruelle, jalouse de la beauté de Vassilissa. Elle accablait la jeune fille de tâches incessantes, souhaitant que le vent, les intempéries, le soleil et le travail la fassent dépérir.

Malgré ces épreuves, Vassilissa continuait d'embellir chaque jour, tandis que la méchanceté creusait les visages de la marâtre et de ses filles. Ce miracle était rendu possible grâce à la poupée, dont l'existence était ignorée de tous. Chaque soir, après avoir réservé ce qu'elle pouvait de sa propre nourriture pour sa poupée, Vassilissa s'enfermait dans son réduit pour la nourrir et lui confier ses malheurs. La poupée la consolait, la conseillait, et accomplissait tout le travail à sa place avant l'aube.

L'arrivée de la seconde épouse et de ses deux filles transforma la vie de Vassilissa en un calvaire. La marâtre et ses filles, rongées par la jalousie face à la beauté croissante de la jeune fille, lui imposaient des travaux exténuants, espérant que le labeur la ferait dépérir. Vassilissa supportait tout sans se plaindre, car elle bénéficiait de l'aide secrète de sa poupée. Elle se privait de manger pour nourrir sa poupée le soir, et celle-ci assurait que toutes les tâches domestiques soient achevées avant le lever du jour, permettant à Vassilissa de se reposer ou de cueillir des fleurs.

Le temps passa, et Vassilissa devint une jeune fille ravissante, la plus belle de toute la contrée. Tous les jeunes hommes de la région désiraient l'épouser, mais aucun ne s'intéressait aux filles de la marâtre, ce qui rendait cette dernière encore plus méchante. Elle refusait catégoriquement tout prétendant pour Vassilissa, les éconduisant brutalement, puis réprimandant sévèrement la jeune fille en leur absence.

Lors d'une absence prolongée du père de Vassilissa, la marâtre profita de la situation pour déménager dans une maison située à l'orée d'une forêt profonde et impénétrable. Cette forêt était réputée pour abriter la terrible sorcière Baba Yaga, connue pour faire disparaître sans laisser de traces quiconque s'approchait de sa demeure.

Car Baba Yaga dévore comme des poulets.

La marâtre commença alors à envoyer Vassilissa dans cette forêt pour des prétextes futiles, espérant que la sorcière la trouverait. Cependant, Vassilissa revenait toujours saine et sauve, guidée par sa poupée qui l'éloignait du domaine de Baba Yaga.

Un soir d'automne, alors que les filles travaillaient à la lueur d'une unique chandelle laissée par la marâtre, la flamme vacilla et s'éteignit. L'une des demi-sœurs, au lieu de rallumer la chandelle comme ordonné, déclara que le feu était éteint et qu'il fallait aller en demander à Baba Yaga. Les deux demi-sœurs refusèrent catégoriquement d'y aller, prétextant que leurs travaux (dentelle et tricot) nécessitaient une bonne lumière. Elles poussèrent Vassilissa à y aller, la renvoyant dans la nuit.

Vassilissa courut nourrir sa poupée et lui raconta son malheur, craignant d'être mangée par la sorcière. La poupée la rassura, lui conseillant de prendre soin d'elle et lui promettant que rien ne lui arriverait tant qu'elle serait là. Vassilissa glissa alors sa précieuse poupée dans sa poche et s'aventura, tremblante, dans la forêt obscure.

Vassilissa arriva enfin dans une clairière où se dressait une petite maison sur pattes de poule. La clôture était faite d'ossements humains surmontée de crânes, et le portail était constitué de fémurs et de tibias, avec un loquet fait d'une mâchoire aux dents pointues. Aussitôt que le cavalier noir l'eut rattrapée, la nuit tomba, et les orbites noires des crânes s'illuminèrent, éclairant la clairière.

Un bruit terrible annonça l'arrivée de Baba Yaga, qui voyageait dans un mortier, se propulsant avec un pilon et balayant ses traces avec un balai. Dès son arrivée, elle sentit la chair humaine et demanda qui était là. Vassilissa, tremblante, expliqua qu'elle était envoyée par les filles de sa marâtre pour demander du feu. Baba Yaga accepta de la garder pour la servir, promettant du feu si le travail était bien fait, sinon elle serait mangée.

Baba Yaga ordonna à Vassilissa de servir un festin tiré de son cellier, puis de ne lui laisser qu'un quignon de pain et quelques restes. Elle donna ensuite des instructions pour le lendemain : nettoyer la cour, préparer le dîner, ranger le lin, et surtout, trier le blé grain par grain au grenier. Si le travail n'était pas terminé à son retour, Vassilissa serait dévorée. La poupée aida Vassilissa à manger les restes et à dormir tranquille, accomplissant tout le travail avant l'aube.

À trop savoir, on vieillit au but.

Au retour de Baba Yaga, qui ne trouva rien à redire au tri du blé, Vassilissa osa demander l'explication des cavaliers. Baba Yaga confirma que le cavalier blanc était son serviteur du jour, le rouge son soleil, et le noir sa nuit. Elle lui interdit ensuite de poser d'autres questions sur ce qui se passait dans son isba, appréciant toutefois sa discrétion concernant les événements extérieurs.

Après avoir satisfait les tâches suivantes, notamment le tri du pavot mélangé à de la terre, Baba Yaga interrogea Vassilissa sur sa capacité à accomplir tant de travail. Vassilissa répondit que c'était grâce à la bénédiction de sa mère. Mécontente d'avoir une personne aussi compétente chez elle, Baba Yaga la renvoya immédiatement. Avant de la laisser partir, elle prit un crâne aux yeux ardents, le mit au bout d'un pieu, et le donna à Vassilissa pour lui servir de feu.

Vassilissa s'enfuit à travers la forêt, le crâne éclairant son chemin. Arrivée près de sa maison, elle voulut jeter l'objet, mais une voix lui intima de le porter à sa marâtre. Étonnées par son retour, la marâtre et ses filles l'accueillirent aimablement, expliquant qu'elles n'avaient pas réussi à allumer de feu depuis son départ. La marâtre saisit le crâne, et ses yeux brûlants se fixèrent sur les trois femmes.

Vassilissa enterra le crâne et alla vivre chez une vieille femme en attendant le retour de son père. Pour passer le temps, elle se mit à filer du lin. Elle produisit une toile si fine qu'elle était aussi légère que l'aile d'un papillon. Elle demanda à la vieille femme de la vendre au marché, mais celle-ci, ayant une idée en tête, l'apporta directement au Tsar.

Le Tsar s'émerveilla devant cette toile d'une légèreté et finesse incroyables, mais la vieille femme refusa l'argent, affirmant que seule la personne capable de la filer pouvait la vendre. Le Tsar exigea alors de voir cette couturière si habile pour lui faire confectionner des chemises. Aucun tailleur n'était capable de travailler une telle étoffe. La vieille femme révéla que c'était Vassilissa qui avait filé la toile.

Vassilissa, toujours conseillée par sa poupée, confectionna rapidement les chemises demandées. Lorsqu'elle se présenta devant le Tsar pour les livrer, il tomba éperdument amoureux d'elle. Sans plus attendre, il lui demanda sa main, et les noces furent célébrées dès le lendemain. Le père de Vassilissa, de retour de voyage, fut comblé de joie et vint vivre au palais avec sa fille.

L'histoire se termine sur une invitation aux spectateurs à prendre leurs crayons pour dessiner Baba Yaga, la sorcière, et à partager leurs créations originales sur le compte Instagram de l'Institut Français pour avoir une chance d'être publiées.