Valuable insights
1.La démission de Macron est psychologiquement impossible: Le président ne quittera jamais volontairement le pouvoir, car un tel geste est orthogonal à sa structure psychique profonde. Toute attente en ce sens est vouée à l'échec.
2.La crise politique est un épiphénomène: Les difficultés institutionnelles actuelles ne sont que la manifestation superficielle d'une crise structurelle plus profonde affectant le capitalisme néolibéral depuis des décennies.
3.Le refus de payer de la bourgeoisie: La racine de la crise réside dans le désir contradictoire de la bourgeoisie de ne plus payer d'impôts tout en exigeant la garantie de la solvabilité de la dette publique.
4.L'instabilité de la tripartition parlementaire: Le passage à une configuration de tripartition parlementaire rend le système intrinsèquement instable, incapable de dégager des majorités stables pour gouverner et voter le budget.
5.Critique du discours moralisateur médiatique: Les appels répétés à la vertu et au sens des responsabilités sont une débilité médiatique qui masque la nécessité urgente de réformer les institutions défaillantes.
6.La psyché perverse sélectionnée par le capitalisme: Le capitalisme déchaîné sélectionne des structures psychiques adaptées, caractérisées par la perversion, le déni d'altérité et la jouissance de la détresse d'autrui, incarnées par Macron.
7.Nécessité d'un projet institutionnel global: Pour sortir de la passivité politique, les mouvements sociaux doivent proposer un schéma institutionnel d'ensemble radical, dépassant la simple récupération électorale ou locale.
Zapping
L'analyse initiale établit un constat sans appel : Emmanuel Macron ne démissionnera jamais de sa propre initiative. Ce geste est jugé impossible car il est orthogonal à la structure psychique du président. Face à cette situation, deux scénarios alternatifs sont envisagés, le premier étant que Macron soit « débranché » par le capital lui-même. Le discours critique souligne que la société, notamment sous dix années de macronisme néolibéral, a été littéralement mise à sac, ce qui a engendré une « bordélisation » généralisée. Les élites politiques, économiques et journalistiques sont pointées du doigt pour leur incapacité à penser au-delà des appels à la vertu individuelle, face à des institutions qui montrent des signes évidents de défaillance structurelle.
La bêtise des élites néolibérales
Les élites, qu'elles soient politiques, économiques ou journalistiques, manifestent une bêtise effarante qui inspire la honte. Il est impératif d'œuvrer activement à la mort du Parti socialiste. L'idée que Macron soit le maître des horloges est réfutée ; il est plutôt l'esclave de sa propre psyché, une distinction fondamentale pour comprendre l'impasse politique actuelle.
Crise de régime ou crise du capitalisme
L'entretien aborde la question de la nature de la crise politique actuelle. Si le diagnostic de crise de régime est avancé par certains constitutionnalistes, il est jugé insuffisant car il enferme l'analyse dans une sphère juridico-politique autonome. L'approche du matérialisme historique commande de ramener l'analyse aux forces matérielles et aux intérêts des groupes sociaux. Une crise dans l'ordre institutionnel doit être vue comme un épiphénomène, la projection en surface d'une chose beaucoup plus profonde : une crise du capitalisme. La quintessence de cette crise capitaliste contemporaine se résume simplement : la bourgeoisie ne veut plus payer, c'est-à-dire refuser l'effort contributif nécessaire à la reproduction matérielle collective.
Les désirs contradictoires du capital
La bourgeoisie détient des désirs contradictoires. D'une part, en tant que contribuable, elle désire ne plus payer d'impôts. D'autre part, en tant qu'épargnante détentrice de titres de dette publique, elle exige que la solvabilité des finances publiques soit garantie. Les pouvoirs en place, fondés de pouvoir du capital, accommodent cette contradiction en reportant le fardeau sur le reste de la population via la coupe drastique des dépenses collectives, illustrée par la réforme des retraites.
Ce n'est pas la vertu des individus qui pourra venir suppler une configuration, institutionnelle défaillante.
- Effondrement des recettes publiques.
- Creusement du déficit budgétaire.
- Explosion de la dette publique.
Vème République : des institutions à bout de souffle
La Cinquième République, bien qu'initialement conçue pour dégager des majorités, voit aujourd'hui sa capacité d'accommodation déborder face à l'approfondissement des contradictions économiques. Un second aspect crucial est la concentration extrême du pouvoir au sommet de la présidence. Cette concentration permet à un individu jugé passablement déréglé de se maintenir au pouvoir et de faire perdurer ses options économiques, y compris contre les infirmations électorales successives. Les institutions sont donc en train d'atteindre leurs limites face à l'état actuel du capitalisme et aux tensions contradictoires qu'il génère.
L'impossibilité de l'équation budgétaire
L'incapacité à résoudre l'équation budgétaire, due à l'impossibilité de faire contribuer les riches qui soutiennent le macronisme, explique le blocage. L'établissement du budget étant l'acte numéro un de la politique publique, son échec présage l'échec du reste. Macron s'accroche à son héritage de politiques publiques, refusant toute solution qui impliquerait de défaire ce socle.
L'appel au « sens des responsabilités »
La rhétorique dominante, relayée par des éditoriaux comme celui du Monde, insiste sur l'appel au « sens des responsabilités » et à la vertu morale pour résoudre les crises politiques. Cette approche est qualifiée de débilité par l'imbécilité médiatique, qui est l'expression de la pensée bourgeoise. Multiplier les appels à la vertu ne peut pas compenser une configuration institutionnelle défaillante. Le problème fondamental n'est pas le manque de bonne volonté individuelle, mais le fait que les institutions ne sont plus en état d'accomplir leur travail de régulation.
La bêtise des élites et la nécessité d'agir
Il est observé que cette incapacité à penser structurellement est un trait commun des élites néolibérales, politiques, économiques et journalistiques, qui sont jugées idiotes au point de faire honte. La seule voie constructive est de refaire les institutions, en partant d'une base d'analyse matérialiste historique. L'alternative proposée par la presse de propagande, qui vise un compromis de vertu, pousse paradoxalement vers un extrême unilatéral et brutal dans l'exercice du pouvoir, s'expliquant par une crise organique selon Gramsci.
La « bordélisation » des élites
Le terme de « bordélisation », issu de Gérald Darmanin et repris par la classe journalistique, est analysé comme l'exact contraire du « sens des responsabilités ». Cependant, il est soutenu que cette bordélisation n'est pas apparue ex nihilo dans les institutions politiques ; elle est le résultat de ce que les politiques publiques du néolibéralisme et du macronisme ont semé dans toute la société depuis trente ans. Le saccage sociétal finit par remonter par capillarité jusqu'à l'Assemblée nationale, où il s'exprime à travers les blocs d'opposition.
Le reflet des politiques publiques
Le fait que le chaos sociétal se manifeste dans le débat politique est paradoxalement considéré comme une nouvelle positive, car cela atteste d'une connexion, même ténue, entre les institutions et le corps social. Les blocs d'opposition, La France Insoumise et le Rassemblement National, sont devenus les porteurs uniques de la colère populaire, exprimant ainsi le désordre semé par les politiques publiques.
La perte de repères et la clarification
L'effondrement des institutions politiques, qui cristallisent des compromis pour tenir ensemble des forces antagonistes, entraîne la décomposition de tous les repères organisateurs et des régularités comportementales collectives. Lorsque la capacité d'accommodation institutionnelle est submergée, les forces centrifuges reprennent leur tendance naturelle. Cela révèle des confusions latentes, comme l'illustre le comportement erratique du Parti Socialiste, pris dans des tourbillons de déclarations contradictoires. Seuls les deux pôles de l'opposition éclatée – La France Insoumise et le Rassemblement National – montrent une relative stabilité.
La clarification du Parti Socialiste
Le cas du Parti Socialiste est vu comme une phase de clarification bienvenue, car il révèle son fondement de droite, masqué par la paresse journalistique et un effet de persistance rétinienne. Les conditions de possibilité de la social-démocratie, qui nécessitaient un rapport de force favorable au capital pour négocier des compromis, ont disparu avec l'épuisement du fordisme et l'avènement du capitalisme de déréglementation financière. Le capital peut désormais imposer ses désidératas unilatéralement, rendant le projet social-démocrate obsolète. Il faut œuvrer activement à la mort de ce parti.
Que veut « le peuple » ?
Définir ce que veut « le peuple » est une opération intellectuelle complexe, flirtant avec le frauduleux, car le peuple est une entité hétérogène dont les intérêts peuvent s'antagoniser. Historiquement, les événements majeurs sont souvent faits par des minorités actives, et non par la majorité. La stratégie populiste, dans son acception théorique, consiste à construire un agrégat hétérogène sous le signifiant « peuple », qui est un signifiant flottant. Le danger réside dans le fait que si cet agrégat n'est pas maintenu par un agenda clair, les malentendus refont surface violemment lors de l'exercice du pouvoir.
Démocratie et crise organique
La démocratie bourgeoise est une quasi contradiction dans les termes, souvent réduite abusivement aux élections et à la liberté de la presse. Lorsque la crise du capitalisme se transmet aux institutions politiques, la stabilité cesse d'être produite par le consentement et repose sur la coercition et la répression, comme l'illustre la trajectoire autoritaire du macronisme. Il est donc erroné de se demander si c'est le manque de démocratie qui cause le néolibéralisme ou inversement ; les deux phénomènes sont liés dans cette crise organique.
La psyché perverse de Macron
L'analyse de la psyché du président est nécessaire et ne doit pas être écartée comme une simple psychologisation dépolitisante. Dans les institutions de la Cinquième République, où le pouvoir est extraordinairement concentré, la personnalité du détenteur de ces prérogatives devient centrale. L'approche théorique adoptée, issue de la psychanalyse spinosiste, distingue le psychologique (intentionnalité consciente) du psychique (pulsionnel et inconscient). Les structures sociales, comme le capitalisme, façonnent et conforment les structures psychiques des individus, rendant le social « empsychisé ».
Sélection des structures psychiques dominantes
Le capitalisme déchaîné et fascisant sélectionne les structures psychiques les plus adéquates à son dynamisme évolutionnaire : la structure de la perversion. Les traits caractéristiques de la perversion observés chez Macron sont le déni d'altérité et la jouissance à jeter autrui dans des états de détresse. Ceci se manifeste dans la gestion des remaniements ministériels, où le temps moyen de confection explose, le pervers jouissant de maintenir les impétrants dans l'angoisse. Il est l'esclave de sa psychée, et non le maître des horloges, contrairement à ce que prétendent les commentateurs.
Jupiter est le maître des horloges. Non non, Macron, n'est pas le maître des horloges, il est l'esclave de sa psychée.
- Déni d'altérité face aux manifestations de masse (ex: retraites 2023).
- Jouissance à jeter les ministres dans l'incertitude et l'angoisse.
- Déni d'altérité face aux résultats électoraux de 2024.
En finir avec Macron
La dissolution de l'Assemblée nationale ne peut résoudre le blocage politique, car elle ne change pas les données fondamentales du problème : la configuration de tripartition et l'équation budgétaire insoluble. Le privilège de l'offre politique est monopolisé par Macron, qui propose soit un nouveau gouvernement, soit une dissolution législative, deux options jugées inacceptables par le peuple mobilisé. Le président doit partir car il est l'auteur principal du saccage de la société, une destruction d'une ampleur inédite.
Les deux scénarios de départ
Pour que Macron quitte le pouvoir, deux scénarios sont possibles. Le premier est un mouvement populaire de masse à caractère quasi insurrectionnel, rendant son maintien impossible, bien que ce scénario soit jugé le moins probable. Le second scénario, d'une nature différente, est que Macron soit « débranché » par l'action du capital. Ce processus implique une pression initiale des marchés obligataires, relayée par les milieux d'affaires, qui peuvent retirer leur soutien à leur fondé de pouvoir. Les indices de ce possible retrait sont à guetter dans la presse économique comme les Échos et Le Parisien.
La démission de lui-même est un geste qui est orthogonal à sa structure psychique, qui est impossible pour sa structure psychique.
La possibilité d'une révolte
Les institutions de la démocratie représentative fabriquent un habitus de la passivité, réduisant le comportement politique citoyen à l'acte électoral isolé. Pour surmonter cet obstacle considérable, les tensions sociopolitiques doivent atteindre un niveau insupportable, poussant les citoyens à épuiser les recours de médiation syndicale et à prendre la rue. Cependant, l'action collective nécessite un pôle de coordination, rôle traditionnellement tenu par les syndicats, désormais discrédités suite aux réformes de 2023 et à l'échec du mouvement du 10 septembre.
L'hypothèque de l'atterrissage politique
Le mouvement de masse est sous une double hypothèque : comment il commence et comment il atterrit. Si La France Insoumise apporte un pôle de coordination, sa finalité institutionnelle électorale (la présidentielle et la VIe République) entre en contradiction avec l'élan des masses qui pourrait aspirer à une transformation beaucoup plus profonde, visant la sortie du capitalisme. Pour cela, il faut un schéma institutionnel d'ensemble, comme celui proposé par certains penseurs sous le nom de communisme. Le but n'est pas seulement dans le chemin, mais dans un but clairement défini, afin d'éviter que l'énergie populaire ne soit récupérée par le jeu institutionnel classique.
- Habitus de passivité électorale ancré chez les citoyens.
- Discrédit des directions syndicales comme pôles de coordination.
- Absence de proposition de schéma institutionnel global alternatif sur le marché.
Question finale
L'entretien se conclut par une question finale invitant à partager une connaissance peu répandue mais méritant d'être connue de tous. La réponse fournie est le « Dieu de Spinoza ». Il est précisé que ce concept n'est pas théologique au sens monothéiste, mais que chez Spinoza, Dieu est l'autre nom donné à la Nature. Par extension, le Dieu de Spinoza représente la métonymie de toute la philosophie spinosiste, dont la connaissance mériterait d'être largement diffusée pour éclairer la compréhension des phénomènes politiques et sociaux.
Questions
Common questions and answers from the video to help you understand the content better.
Pourquoi Emmanuel Macron ne démissionnera-t-il pas de lui-même selon Frédéric Lordon ?
La démission volontaire est jugée impossible car elle est un geste orthogonal à la structure psychique du président, qui est incapable de l'accomplir.
Qu'est-ce que la crise organique selon Gramsci appliquée à la situation politique française actuelle ?
La crise organique est une crise intrinsèque au capitalisme dont les contradictions ont dépassé les seuils critiques, rendant les institutions politiques incapables de les reprendre ou de produire le consentement.
Comment les structures sociales façonnent-elles les structures psychiques des dirigeants politiques ?
Les structures sociales, notamment celles du capitalisme, conformment et configurent les structures psychiques des individus, y compris celles des dominants, sélectionnant celles qui sont les plus adaptées à leur mode d'accumulation.
Quelle est la critique de la social-démocratie formulée par Lordon dans ce contexte néolibéral ?
Le projet social-démocrate est considéré comme historiquement échoué car les conditions de possibilité de négociation avec le capital ont disparu avec le passage au capitalisme de déréglementation financière.
Quels sont les deux scénarios possibles pour le départ d'Emmanuel Macron ?
Le départ nécessitera soit un mouvement populaire de masse à caractère quasi insurrectionnel, soit un « débranchement » par l'action du capital, exercée via les marchés obligataires et les milieux d'affaires.
Pourquoi la dissolution de l'Assemblée nationale est-elle jugée inefficace pour résoudre la crise ?
La dissolution est un expédient qui ne modifie pas les données fondamentales du problème, notamment la configuration de tripartition parlementaire et l'incapacité du président à démissionner de lui-même.
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