Valuable insights
1.Méthodologie d'une enquête écologique sur la lecture: L'étude a analysé les pratiques ordinaires des enseignants expérimentés sans intervention, évaluant les élèves en début, milieu et fin de CP pour identifier les facteurs d'influence.
2.Faible poids du contexte social durant l'année de CP: Les caractéristiques sociodémographiques pèsent moins durant l'année de CP que les facteurs contextuels de la classe, bien que le poids social soit important en amont.
3.L'effet classe varie selon le domaine de compétence: L'influence des pratiques de classe sur les progrès est plus forte en écriture qu'en compréhension, où le contexte éducatif précoce semble plus déterminant.
4.La compréhension orale est le parent pauvre du CP: Le temps dédié aux tâches orales visant l'élaboration du sens, comme rendre explicite l'implicite, est extrêmement réduit, la moitié des classes n'y consacrant aucun temps.
5.L'étude de la langue impacte positivement les élèves faibles: Le temps consacré à l'étude de la langue, notamment sur les aspects morpho-syntaxiques, montre un impact positif significatif sur les performances, particulièrement pour les élèves en difficulté.
6.L'encodage est clé pour la maîtrise du code: Les activités d'encodage (transcription de l'oral) et l'écriture sous dictée sont bénéfiques pour le code, contrairement à la simple activité de copie.
7.Tempo rapide d'introduction du code pour les élèves faibles: Les élèves les plus faibles progressent mieux lorsque le tempo d'introduction des correspondances graphème-phonème dépasse la moyenne de l'échantillon observé durant les premières semaines.
Présentation de l'Enquête sur les Pratiques Enseignantes
Une présentation des éléments concernant l'apprentissage initial de la lecture est effectuée, précisant que l'exposé se focalise uniquement sur la lecture, bien que l'enquête initiale ait porté sur la lecture et l'écriture. Il est souligné que les résultats présentés sont issus d'un travail collectif impliquant quarante-cinq signataires, et qu'il ne s'agit pas d'une étude expérimentale classique.
Caractérisation de l'étude écologique
L'étude est qualifiée d'écologique car les chercheurs ont demandé aux enseignants de continuer à enseigner selon leurs pratiques ordinaires, sans introduire de nouveaux dispositifs. L'objectif était d'évaluer les élèves au début, à la fin du cours préparatoire (CP) et à nouveau à la fin du CE1, afin de déterminer ce qui influence la qualité des apprentissages en fonction des pratiques des enseignants.
Dispositif de collecte des données
Le dispositif a nécessité une équipe de recherche importante et des terrains diversifiés. Les pratiques ont été observées en détail pendant trois semaines complètes, une semaine par trimestre, avec l'intégralité de l'enseignement du français filmée. Des étudiants ont été recrutés et rémunérés pour évaluer individuellement les performances des élèves en début et fin d'année. Une clé de l'étude résidait dans la construction d'une typologie des tâches d'enseignement observées à une granularité temporelle d'environ une minute.
- Lecture à haute voix
- Lecture silencieuse
- Échange à propos du contenu lu
Sélection de la population enseignante
Afin de minimiser le parasitage par des variables connues, seuls des enseignants expérimentés ont été retenus. Tous possédaient au minimum trois ans d'expérience en cours préparatoire, avec une ancienneté moyenne de huit ans en CP et seize ans dans le métier. Il est précisé que les résultats pourraient différer avec un échantillon incluant des débutants. Les enseignants acceptant de participer tenaient leur classe et maîtrisaient leur métier, y compris dans des contextes difficiles.
Analyse des Indicateurs et Effets Contextuels
Les principaux indicateurs retenus étaient liés aux caractéristiques didactiques des tâches proposées pour la maîtrise du code alphabétique, la compréhension des textes, l'étude de la langue et l'acculturation. Des indicateurs pédagogiques transversaux concernant l'explicitation, la différenciation et le climat de classe ont également été collectés.
Impact du climat de classe
Un effet du climat de classe est constaté : les élèves apprennent mieux lorsque la classe est plus paisible et bienveillante. Ce paramètre a un effet particulièrement fort sur l'engagement des élèves, impactant positivement la qualité des apprentissages, indépendamment des choix didactiques effectués par l'enseignant.
Contrôle des variables explicatives
L'entreprise de recherche visait à expliquer les différences finales de performances des élèves sur neuf ou dix tâches variées. Pour cela, il a fallu contrôler les caractéristiques sociodémographiques (origine sociale, âge, sexe, langue parlée à la maison) et le niveau initial des élèves en CP. Des variables de niveau 2, relatives aux contextes de scolarisation (caractéristiques des classes, homogénéité, tonalité sociale), ainsi que les formations des enseignants, ont également été prises en compte.
Il est important de noter que les caractéristiques sociodémographiques pèsent moins durant la seule année de CP que ce qui se joue dans le contexte de la classe. Les traitements statistiques multi-niveaux ont permis d'isoler ces effets contextuels.
Distribution de l'Effet Classe par Domaine de Compétence
L'effet de la classe, représentant environ 8% de la variance expliquée, n'est pas réparti uniformément entre les différents domaines de compétences. Ce constat oblige à affiner les analyses pour comprendre les effets différenciés sur les compétences spécifiques.
Impact plus faible sur la compréhension
L'effet de la classe est légèrement moindre en code, mais il est nettement moins fort en compréhension. Cela suggère que les progrès des élèves en compréhension durant le CP sont moins influencés par les pratiques de classe que ceux en écriture. Deux niveaux de compréhension ont été distingués : lecture autonome d'un texte complexe nécessitant des inférences, et compréhension d'un texte lu par l'enseignant.
Le premier élément est que puisqu'on touche les questions de compréhension, on touche les questions de langage, de culture, de vocabulaire, tout ce qui a été évoqué précédemment, et cela est très fortement sous la dépendance du contexte éducatif des premiers jours de la vie jusqu'à l'entrée au CP des enfants.
Ce fort marquage social rend la compréhension peut-être moins susceptible d'être impactée par la pédagogie en CP. Une hypothèse complémentaire est que la pédagogie de la compréhension au CP est en réalité assez faible, les maîtres investissant peu ou étant moins outillés dans ce domaine, contrairement à l'écriture où ils maîtrisent mieux leur intervention.
Identification des classes les plus efficaces
En neutralisant les éléments de contexte et le niveau initial, l'étude a classé les contextes de classe du plus efficace au moins efficace. Il est important de noter que les résultats étaient assez peu différents d'une classe à l'autre, avec seulement une minorité de classes (environ 20 de chaque côté) générant des différences vraiment significatives sur l'effet classe global.
Analyse Détaillée des Budgets Temps en CP
L'analyse des budgets temps a été effectuée en regroupant les tâches sur les cinq grands blocs : phonologie, lecture, étude de la langue, écriture et compréhension. Il est apparu que les semaines se ressemblent beaucoup d'une classe à l'autre, avec une stabilité notable, bien que le temps consacré à la phonologie diminue fortement en début d'année.
- Phonologie : Temps variable, diminuant au début de l'année.
- Compréhension : Temps croissant, souvent lié à l'augmentation des tâches écrites.
- Code (Phonologie/Lecture/Écriture) : Représente environ 55% du temps total (3h11 sur une semaine).
Le temps faible alloué à la compréhension
Concernant la compréhension, le temps alloué présente une diversité extrême entre les classes, avec un rapport de 1 à 9 entre les déciles extrêmes. Le temps passé aux tâches écrites et individuelles occupe une part significative (25 minutes). Cependant, le temps restant pour les tâches orales portant sur l'élaboration du sens est très faible, totalisant environ une trentaine de minutes sur l'année en CP.
Quand on dit que c'est le parent pauvre de la pédagogie de la lecture en cours préparatoire, je crois qu'on peut le dire comme ça, même sur ces deux dernières classes, la moitié des classes qui n'y consacrent aucun temps.
- Rendre explicite une information implicite
- Proposer, débattre ou négocier une interprétation
Il est constaté que globalement, le temps accordé à la compréhension n'a pas d'effet statistiquement significatif sur la performance générale. Toutefois, un effet positif est observé pour les élèves faibles lorsque ces tâches orales sont stables ou croissantes dans le temps.
Impact des Pratiques Didactiques sur le Code et l'Écriture
Sur le volet du code, aucune influence globale significative de la durée consacrée à l'enseignement n'est observée. Cependant, des effets spécifiques apparaissent selon les univers de tâches. Par exemple, un effet positif significatif est noté pour le temps alloué à la lecture à haute voix, à partir de 30 minutes par semaine.
Rôle de l'encodage dans la réussite du code
Le rôle très positif des activités d'encodage est vérifié, c'est-à-dire lorsque les enfants sont incités à passer de ce qu'ils entendent à ce qu'ils peuvent transcrire. Cet effet est global sur l'allongement du temps consacré à l'écriture.
Les élèves faibles bénéficient davantage des activités de dictée et des activités plus tâtonnées. De plus, un effet positif est lié au temps passé à la production de textes, incluant la préparation, la planification et la révision des textes collectifs, ce qui montre une interaction entre lecture et écriture.
Tempo d'Instruction et Choix des Supports de Lecture
Un zoom sur le début de l'année a permis d'analyser la vitesse à laquelle les enseignants introduisaient de manière explicite la nature des relations entre graphèmes et phonèmes. L'étude s'est concentrée sur le fait que ces éléments soient enseignés explicitement, sans nécessairement faire référence à l'instruction directe, concept jugé plus réducteur.
L'importance du tempo pour les élèves fragiles
Il a été constaté que les élèves les plus faibles au départ étaient pénalisés par des planifications trop lentes. Inversement, leurs progrès étaient meilleurs lorsque le tempo des correspondances étudiées dépassait la moyenne de l'échantillon, soit environ 11,4 correspondances étudiées durant les neuf premières semaines.
Ce résultat est contre-intuitif parce que beaucoup de maîtres pensent que plus leurs élèves sont en difficulté, plus il faut aller lentement, et ce n'est vraiment pas ce résultat.
Ce constat suggère que les enseignants qui introduisent rapidement les briques nécessaires à la combinatoire cognitive permettent une meilleure clarté sur les processus à l'œuvre. Les maîtres efficaces savent attirer l'attention des élèves sur les bonnes opérations mentales à mettre en œuvre.
Critères de choix des supports de lecture
Concernant les supports de lecture pour les leçons collectives, les enseignants privilégiaient l'intérêt et la motivation des élèves par le sens du texte. Cependant, l'effet penche clairement dans le sens où lorsque les textes sont trop peu déchiffrables, les élèves en tirent moins de bénéfices. Pour que l'expérience de déchiffrage soit réussie de manière autonome, un seuil de déchiffrabilité doit être atteint.
Synthèse et Pistes de Recommandations Générales
En mettant bout à bout la faible place accordée à la pédagogie de la compréhension et le fait que l'effet classe sur les progrès soit faible dans ce domaine, alors que la compréhension de textes entendus y contribue, des pistes de recommandations se dessinent. Il est nécessaire de prendre au sérieux les programmes qui distinguent les textes à découvrir en autonomie et ceux qui nécessitent un enseignement explicite de la compréhension.
Dissociation des supports d'apprentissage
Une dissociation des supports pourrait être envisagée selon trois types d'objectifs : ceux centrés sur les aspects graphophonologiques, ceux axés sur la compréhension de textes complexes, et une interface entre décodage et accès au sens sur des textes suffisamment signifiants mais accessibles.
Discussion sur l'Investissement des Enseignants et Leviers de Formation
Face aux conclusions alarmantes sur la difficulté de l'école à compenser les inégalités sociales de départ, une interrogation porte sur ce qui pousse les enseignants expérimentés à être peu investis ou outillés en enseignement de la compréhension. Une réponse est formulée en deux temps, commençant par une hypothèse où les maîtres auraient raison de prioriser massivement le code.
Hypothèses sur le faible investissement
Une première hypothèse est que les enseignants manquent de lucidité sur le temps réellement consacré à la compréhension, la qualifiant souvent de découverte de textes. Deuxièmement, l'investissement massif sur le code est perçu comme nécessaire par les enseignants. La question centrale devient alors le bon dosage entre l'investissement dans le code et d'autres dimensions didactiques, sans simplement ajouter de nouvelles injonctions.
Il faut regarder les équilibres, les dosages, parce que chaque fois qu'on juxtapose des nouvelles injonctions ponctuelles, on a des effets qui globalement sont positifs le jour de l'innovation et qui deviennent contre-productifs à moyen terme.
Le rôle de l'étude de la langue
Concernant l'effet très influent de l'étude de la langue, une hypothèse est que cette pratique signale aux élèves la curiosité de comprendre comment fonctionnent les codes, qu'il s'agisse du code alphabétique ou du code écrit orthographique. Les maîtres qui consacrent du temps à cela semblent engager une posture professionnelle qui va au-delà du simple enseignement du code ou de la grammaire, transformant le déchiffrage en aventure intellectuelle.
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