Valuable insights
1.Les cartes sont des outils narratifs puissants: Les cartes ne représentent jamais le monde de manière neutre ; elles racontent toujours une histoire en sélectionnant arbitrairement les informations à inclure ou à omettre.
2.La transposition du globe impose des compromis: Transposer la surface sphérique de la Terre sur une surface plane nécessite des choix forcés, impliquant nécessairement la déformation des surfaces, des angles ou des distances.
3.Mercator privilégie la navigation, Peters l'égalité: La projection de Mercator conserve les angles, essentielle pour la navigation, mais exagère les surfaces aux hautes latitudes, tandis que Peters cherche une représentation démocratique fidèle aux surfaces réelles.
4.L'orientation des cartes reflète le pouvoir: La convention de placer le Nord en haut et l'Europe au centre est une construction du XIXe siècle qui entérine une vision eurocentrique et la domination du Nord sur le Sud.
5.Le tracé des frontières crée la réalité politique: Les frontières tracées arbitrairement sur les cartes, comme le Traité de Tordesillas ou le partage de l'Afrique, ont servi à légitimer et précéder les conquêtes territoriales.
6.La couleur est un marqueur stratégique essentiel: L'utilisation stratégique de la couleur, comme le blanc pour désigner la *terra nullius* ou le rouge pour les possessions impériales, façonne activement la perception d'une région.
7.Le silence cartographique révèle les intentions: Le silence cartographique, ce que la carte choisit de ne pas montrer (lieux de consommation, aires de jeu), indique si elle sert des intérêts commerciaux ou l'intérêt général.
8.La domination privée limite la vision spatiale: La prédominance d'acteurs privés comme Google Maps oriente la perception de l'espace vers les lieux de consommation, limitant la conscience des réalités locales dans le Sud global.
9.OpenStreetMap offre une alternative collaborative: Des initiatives en source ouverte permettent à la société civile de produire des cartes alternatives, offrant des informations cruciales ignorées par les acteurs commerciaux dominants.
L'Illusion de Neutralité des Cartes
L'usage quotidien du téléphone portable pour la navigation révèle que les cartes géographiques, même à grande échelle, ne sont jamais des représentations totalement neutres du monde. Le cartographe possède le pouvoir de choisir ce qui sera inclus ou exclu du récit visuel. Par conséquent, les cartes fonctionnent comme de puissants outils narratifs, capables de façonner profondément la vision du monde de l'utilisateur, remettant en question leur prétendue objectivité.
Le Défi de la Représentation Planétaire
Si la réalité du monde est unique, l'existence de multiples représentations cartographiques s'explique par la difficulté de transposer un globe terrestre sur une surface plane. Cette opération, essentielle pour les explorations maritimes et coloniales, exige des compromis drastiques. Il est impossible d'aplatir une sphère sans introduire des déformations, forçant les créateurs à étirer certaines parties, à l'image des quartiers d'une orange pelée.
- La conservation des surfaces
- La conservation des angles
- La conservation des distances
Mercator, Peters et la Géopolitique des Projections
Le géographe flamand Gérard Mercator, au XVIe siècle, opta pour la conservation des angles au détriment des surfaces pour sa projection, la plus utilisée historiquement. Cette méthode implique de projeter chaque point en ligne droite sur un cylindre imaginaire. Plus on s'éloigne de l'équateur, plus la distance entre les parallèles augmente, ce qui exagère considérablement les surfaces des régions septentrionales comme l'Europe, l'Amérique du Nord et la Russie.
L'Alternative Égalitaire d'Arno Peters
La critique la plus radicale de Mercator vint du cartographe Arno Peters dans les années 1970, qui y voyait le reflet de la supériorité occidentale forgée durant l'ère coloniale. La projection de Peters, bien que déformant les angles et étirant les continents, conserve la proportion réelle entre les surfaces, visant une représentation du monde plus démocratique et égalitaire.
Un planisphère doit renoncer soit à la surface, soit aux angles, soit aux distances.
- L'Afrique apparaît nettement plus grande.
- Le Groenland est proportionnellement plus petit.
- L'Europe, l'Amérique du Nord et la Russie sont nettement plus petites.
Orientation, Cadrage et Conventions Culturelles
La projection de Peters a rencontré un succès auprès d'institutions comme l'UNESCO, car elle montrait l'Afrique avec sa surface réelle, soutenant les programmes d'aide au développement de l'époque. Cependant, elle n'a jamais réussi à s'imposer à grande échelle, car la projection de Mercator répond parfaitement aux besoins pratiques de la navigation moderne.
La Persistance de Mercator dans la Navigation
Aujourd'hui, les cartographes utilisent souvent des cartes résultant de compromis, renonçant légèrement à la fois à la surface et aux angles. Néanmoins, la projection de Mercator, qui surreprésente les pays du Nord, demeure massivement utilisée, notamment par des plateformes comme Google Maps, car il s'agit avant tout d'un outil de navigation efficace.
Le Pouvoir du Cadrage Central
La nature même des planisphères implique une représentation déformée. Le cadre est un élément déterminant ; déplacer le centre de la carte, par exemple placer l'Asie au centre, modifie la narration. De même, fixer le méridien zéro à Londres, cœur de l'Empire britannique au XIXe siècle, renforce une vision eurocentrique du monde. Cette disposition Nord en haut est une convention qui peut être inversée.
Cette projection enignait le fait qu'elle était l'expression d'une vision eurocentrique du monde au XIXe siècle.
Cartes, Conquêtes et Affrontements Territoriaux
L'orientation habituelle du Nord vers le haut est une convention du XIXe siècle. Des initiatives, comme la carte inversée créée en 1979 par l'Australien Stuart McArthur, visent à décentrer cette perspective dominante. Si l'Australie se trouvait en haut, la perception du monde, notamment l'eurocentrisme, pourrait être significativement modifiée, encourageant une meilleure réaction aux différences de points de vue.
Cartes et Rapports de Force
Les cartes montrent le pouvoir existant, servant de moyen aux commanditaires pour valoriser leur territoire, mais elles créent également du pouvoir en produisant des représentations mentales durables sur la taille et l'importance des régions. La carte agit comme un média diffusant un récit qui influence le regard porté sur le monde, que ce soit pour des fins politiques ou commerciales.
La Création de Territoires par le Tracé
Le pouvoir des cartes se manifeste dans leur capacité à créer des pays ou des territoires. La frontière n'est souvent qu'une convention tracée arbitrairement. Par exemple, le Traité de Tordesillas en 1494 partageait le monde entre l'Espagne et le Portugal, ignorant les espaces linguistiques indigènes.
- Le Traité de Tordesillas (1494) divisant le monde entre deux puissances.
- La carte des Philippines (Carta Hydrographica) nommée en l'honneur de Philippe II, affirmant la souveraineté espagnole.
- Le partage de l'Afrique, où des frontières arbitraires ont servi de prologue à la colonisation.
Kaine pour nous, l'eau est bien plus qu'une simple ressource, c'est un bien commun, elle fait partie de notre culture.
Cartographie Contemporaine et Enjeux Géopolitiques
La pratique d'utiliser les cartes pour revendiquer des territoires perdure. En 2023, la Chine a publié une nouvelle carte nationale empiétant sur des régions frontalières de l'Inde et de la Russie, provoquant des réactions diplomatiques fortes, l'Inde exprimant publiquement sa désapprobation. Cette pratique est un procédé classique qui continue d'influencer les relations internationales.
L'Enjeu Géopolitique des Lignes Disputées
La ligne des neuf traits, tracée par la Chine en mer de Chine méridionale pour exprimer des revendications territoriales, entre en conflit avec celles de ses voisins. Cette ligne, lorsqu'elle apparaît même furtivement dans des œuvres grand public comme le film *Barbie*, provoque des interdictions de diffusion, démontrant le pouvoir des tracés contestés.
L'Adaptation Algorithmique de Google Maps
Les cartes numériques, y compris celles de Google Maps, ne sont pas exemptes de ces enjeux géopolitiques. Le géant du web adapte l'affichage des frontières selon le lieu de connexion de l'utilisateur ; par exemple, le Cachemire apparaît avec une ligne continue vue depuis l'Inde, mais en pointillés depuis le Pakistan, reflétant les identités nationales.
La Couleur comme Marqueur Stratégique
Au-delà de la projection et du cadrage, la couleur est un marqueur stratégique. Des cartes du groupe terroriste Daesh coloraient en noir des pays entiers, suggérant un contrôle total, alors que des cartes plus précises ne coloraient que les villes contrôlées. De même, l'Empire britannique utilisait le blanc pour déclarer l'Océanie *terra nullius*, effaçant de fait les peuples préexistants.
Domination Privée et Cartographie Collaborative
L'influence des cartes ne se limite pas aux grandes échelles territoriales. Même un plan de ville ordinaire révèle des choix éditoriaux ; la représentation d'une église par un pictogramme spécifique dans la légende, ou l'absence de symboles pour des lieux de consommation, indique l'objectif de la carte. Ce phénomène, appelé le silence cartographique, est loin d'être absent des outils quotidiens.
Le Silence Cartographique et les Intérêts Commerciaux
Aujourd'hui, le pouvoir cartographique est concentré entre quelques mains privées, notamment Google Maps, qui détient environ 90 % des parts de marché mondiales. Cette entreprise mesure le monde en fonction des intérêts de ses annonceurs, ce qui signifie que la perception de l'espace est circonscrite aux lieux de consommation (stations-service, cafés), au détriment des informations essentielles dans le Sud global.
Contrecartes et Émancipation
Face à cette concentration, des contre-initiatives menées par la société civile cherchent à créer des alternatives. OpenStreetMap est un projet collaboratif en source ouverte où chacun peut fournir des données. Cet outil a permis de cartographier des zones ignorées par les acteurs majeurs, comme le quartier de Kibera à Nairobi, ou d'organiser les secours après le séisme en Haïti en 2010.
- Elles remettent en question le pouvoir des cartes dominantes.
- Elles sont souvent portées par des artistes ou des communautés locales (ex: carte de l'eau andine).
- Elles insistent sur la diversité des regards sur le monde.
La production cartographique est devenue plus accessible grâce au numérique, mais la diversité des producteurs doit être préservée. Il est crucial d'avoir conscience des intérêts commerciaux qui financent souvent la gratuité sur Internet, afin que la carte reste un outil de revendication et non seulement une expression de la domination.
Questions
Common questions and answers from the video to help you understand the content better.
Pourquoi est-il impossible de créer une carte plate parfaitement neutre du globe terrestre ?
Il est impossible de créer une carte plate neutre car la transposition d'une surface sphérique sur un plan nécessite obligatoirement de déformer soit les surfaces, soit les angles, soit les distances, comme illustré par les compromis entre les projections de Mercator et de Peters.
Quelle est la principale critique adressée à la projection cartographique de Mercator ?
La principale critique est qu'elle reflète une vision eurocentrique et coloniale en exagérant considérablement la taille des régions situées aux hautes latitudes, comme l'Europe et la Russie, par rapport à leur superficie réelle.
Comment les cartes numériques actuelles, comme Google Maps, reflètent-elles les tensions géopolitiques ?
Les cartes numériques adaptent leur affichage en fonction de la localisation de l'utilisateur ; par exemple, elles montrent des frontières contestées (comme le Cachemire) avec des lignes continues ou pointillées selon que l'utilisateur se connecte depuis le pays revendiquant ou contestant le territoire.
Qu'est-ce que le silence cartographique et comment se manifeste-t-il dans les cartes urbaines ?
Le silence cartographique désigne ce que la carte choisit délibérément de ne pas montrer. Dans les cartes urbaines, cela se traduit par l'omission d'informations pertinentes pour les habitants (lieux de loisirs, d'entraide) au profit des seuls lieux de consommation servant les intérêts commerciaux.
Quel rôle les cartes ont-elles joué dans le processus de colonisation de l'Afrique ?
Les cartes ont servi d'avant-poste aux conquêtes. Le partage de l'Afrique a été réalisé en traçant des frontières à la règle sans tenir compte de la réalité géographique ou des populations locales, légitimant ainsi le programme de colonisation qui a suivi.
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