Portrait : René Suk, 106 ans, héros de la Resistance

Une émission d'information prend le temps de rencontrer des personnalités marquantes. Ce soir, le portrait est consacré à un homme remarquable, René Suc, âgé de 106 ans, qui demeure une figure emblématique de la Résistance dans la région de Mazel face au régime nazi. Ses souvenirs demeurent parfaitement intacts. Le 23 novembre 2024, lors d'une cérémonie à Strasbourg consacrant les résistants français de la Seconde Guerre mondiale, Monsieur René Suc, alors médecin, fut honoré. Au nom de la République française, il reçut la distinction de Chevalier de la Légion d'honneur, un moment mémorable capturé par le président de la République.

À 106 ans, René Suc conserve un œil et un esprit vifs. Les souvenirs de cette période sombre restent présents, englobant les moments positifs comme les plus douloureux. Ces derniers incluent des scènes où les troupes allemandes exécutaient de manière systématique les tirailleurs sénégalais qui combattaient courageusement pour la France au sein de l'armée française.

Les récits de guerre évoquent des violences extrêmes. L'un des souvenirs les plus marquants concerne l'action d'une mitrailleuse, suivie par l'élimination des combattants. Les camions revenaient ensuite vers Saint-Florentin, un cycle de violence qui s'est répété à plusieurs reprises, impliquant de nouvelles charges et de nouveaux passages.

La mitrailleuse. Ça y est. Ouais. mitrailleuse et puis alors là il les zigouillé et puis après les camions revenaient à Saint-Florentin et puis ça dura un moment et après rechargé encore une fois et puis encore une fois plus loin et encore une fois.

René Suc n'a jamais accepté cette vision raciale inhérente à l'Allemagne nazie. Il a traversé l'effondrement de juin 1940. Démobilisé, il est retourné à Mazel, travaillant à la SNCF et se mariant en 1942. Très rapidement, il a réalisé qu'il risquait d'être incorporé de force dans l'armée allemande, une perspective jugée impensable et inacceptable pour lui.

Face à l'interrogation des autorités sur son refus de servir l'armée allemande, René Suc a maintenu une position ferme concernant son identité nationale, malgré les menaces potentielles sur sa vie et celle de son frère.

Ben, je reste français. Je reste aussi. Vous ferez ce que vous voudrez moi et mon frère qui est làdedans, la même chose et on fera tout ce que vous possible. On nous descend, je m'en fiche.

Grâce à son statut de cheminot, René Suc réussit, avec son épouse, à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre le sud de la France. Une fois sur place, il s'engagea dans la Résistance et devint le garde du corps personnel du commandant Pomè, qui dirigeait alors un corps franc opérant dans le Sud-Ouest du pays.

Les individus ayant vécu la Seconde Guerre mondiale sont qualifiés de « grands témoins ». Il est essentiel de reconnaître quelqu'un qui a subi toutes les conséquences de ce conflit et qui a pris des décisions de vie cruciales. Ces choix doivent servir de modèle aux jeunes générations actuelles.

Aujourd'hui, René Suc a rejoint son fils, Gilbert, dans le sud de la France. Il y profite d'une vieillesse heureuse et amplement méritée, baignée par le soleil, loin des tourments de la guerre qu'il a si vaillamment combattue.