Nutrition et prévention : prenez le pouvoir sur votre santé.

La soirée débute par l'affirmation que l'alimentation doit être perçue comme une véritable ordonnance de santé. La science appliquée à l'assiette influence directement la santé, l'énergie et la longévité des individus. L'expert invité, Pierre Vodorpe, nutrithérapeute et naturopathe, a pour objectif de démontrer comment l'alimentation devient un allié essentiel pour prévenir et optimiser le bien-être général. Il est souligné que la connaissance nutritionnelle permet une meilleure gestion de son corps, car la connaissance génère du plaisir, contrairement aux habitudes alimentaires souvent dictées par les campagnes publicitaires de l'agroalimentaire.

Un constat alarmant est dressé concernant les déséquilibres nutritionnels actuels. À titre d'exemple, la consommation de sucre est passée de 5 kg par personne il y a 50 ans à 80 kg par an actuellement, générant surpoids et diabète. Le système génétique humain n'a pas eu le temps de s'adapter à cette évolution rapide survenue depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces changements ont engendré des maladies dites de civilisation, mais qui sont en réalité créées par l'homme en se civilisant. Le diabète, par exemple, est une pathologie pourtant facilement évitable.

L'Organisation Mondiale de la Santé indique qu'avec une bonne hygiène alimentaire et une activité physique adéquate, la prévention des maladies cardiovasculaires atteint 70 à 80 %.

Les pathologies chroniques telles que l'obésité, les maladies cardiovasculaires et les cancers sont responsables de 70 % des décès. L'obésité touche désormais une personne sur deux en Europe, malgré les tentatives des industriels de vendre des produits allégés ou maigres, qui se sont avérées inefficaces. De plus, le cadre de l'obésité infantile a été multiplié par dix à 40 ans, entraînant des conséquences hormonales précoces, comme une puberté avancée chez les jeunes filles, en raison de la libération d'hormones par le tissu adipeux.

L'augmentation de l'incidence des cancers est un sujet majeur de préoccupation. Un nouveau cas de cancer est diagnostiqué toutes les 8 minutes, représentant un nombre important de personnes touchées. Si les traitements (chimiothérapie, immunothérapie) se sont améliorés, augmentant les taux de survie, l'incidence globale ne cesse de croître. Plus d'un homme sur trois et une femme sur quatre se voient diagnostiquer un cancer avant 75 ans. Il est noté que 99 % des fonds de recherche sont dirigés vers les traitements, alors que les études montrent que 90 à 95 % des cancers sont évitables par des changements d'hygiène de vie.

Le cancer est fondamentalement une maladie de mutation génétique, impliquant un déséquilibre entre les gènes oncogènes et anti-oncogènes. Cependant, l'épigénétique révèle que l'environnement peut rendre ces gènes silencieux. L'exposition aux perturbateurs endocriniens, notamment les plastiques et les phtalates, sature l'organisme d'œstrogènes, ce qui est particulièrement préoccupant pour les cancers hormono-dépendants comme ceux du sein et de la prostate. L'alimentation seule est responsable de 30 à 35 % des cancers évitables.

Le développement d'une tumeur visible peut prendre 6 à 8 ans à partir de la première cellule mutée. Durant cette phase, le système immunitaire possède des mécanismes de défense, comme les cellules natural killer, pour empêcher le développement. Le travail en prévention consiste à renforcer ces gardes-fous pour que la maladie ne puisse pas progresser vers un stade détectable où seuls les traitements lourds sont efficaces.

Les dix conseils suivants visent à renforcer le capital santé pour un vieillissement de meilleure qualité. Ces principes abordent la nutrition, la gestion du stress et le sommeil, des facteurs qui ont un impact direct sur la fatigue, la douleur chronique et la susceptibilité aux affections. Il est important de noter que l'approche se concentre sur ce que l'on apporte au corps plutôt que sur la simple répression des excès, car les excès résultent souvent d'une sous-nutrition.

Le premier conseil insiste sur l'apport d'un repas complet à chaque prise alimentaire, ce qui signifie un apport maximal de nutriments (glucides, protéines, vitamines, minéraux), sans nécessairement associer cela à un repas chaud. Le deuxième conseil est d'apprendre à s'écouter, notamment en reconnaissant la sensation de satiété, un mécanisme que les animaux sauvages maîtrisent naturellement, contrairement aux humains qui terminent souvent leur assiette par habitude ou par obligation sociale.

Le corps absorbe des nutriments et non des aliments entiers ; une digestion efficace est donc primordiale. La mastication est la première étape cruciale pour soulager le tube digestif. Les fibres, non digestibles par les cellules humaines, nourrissent le microbiote intestinal, qui produit du butyrate, une substance anti-inflammatoire essentielle, notamment pour prévenir les cancers colorectaux.

Un petit-déjeuner non sucré et plutôt protéiné est recommandé pour potentialiser les neurotransmetteurs de l'éveil comme la dopamine et la noradrénaline, assurant concentration et mémoire. Concernant les protéines, l'équilibre idéal suggère deux tiers de protéines végétales pour un tiers de protéines animales, afin de ménager la planète et d'adapter les apports en fer, particulièrement important pour les femmes en âge de procréer et moins nécessaire pour les hommes.

Le sucre est considéré comme un poison silencieux. Démarrer la journée avec des aliments sucrés provoque des hypoglycémies réactionnelles, entraînant des envies de grignotage et des pathologies à long terme. Il faut considérer la charge glycémique des aliments, car des glucides comme le pain ou les frites font monter la glycémie autant, voire plus, que le sucre ajouté. Le sel, souvent associé aux glucides dans les produits industriels comme la pizza, accélère l'absorption du glucose.

Le sucre est aussi puissant que la cocaïne sur les circuits de la récompense, créant des hyper et hypoglycémies qui épuisent le pancréas.

Il est impératif de maximiser la consommation de légumes, qui devraient représenter la moitié de l'assiette. Ces végétaux apportent des substances protectrices pour le génome. Le vieillissement est une accumulation de mutations génétiques lors de la division cellulaire ; en protégeant l'ADN grâce aux nutriments des légumes (polyphénols), il est possible de ralentir ce processus.

L'inflammation chronique est le dénominateur commun des pathologies modernes (cancer, obésité, maladies cardio-vasculaires). Une alimentation pro-inflammatoire (excès de beurre, produits laitiers, sucre, mauvais acides gras) alimente ce processus. Pour contrer cela, il faut privilégier les bonnes graisses, notamment les oméga-3 présents dans les petits poissons gras et certaines huiles végétales, tout en limitant les oméga-6 et les graisses trans issues des produits industriels.

Le stress, qui libère de l'adrénaline et du cortisol pour mettre le corps en mouvement, doit être exploité. Les individus qui intériorisent leur stress, notamment les introvertis, risquent de développer des pathologies digestives ou de l'anxiété chronique. Un cerveau en épuisement fonctionne en mode économie d'énergie, réduisant les fonctions sociales et l'humeur. Le magnésium est présenté comme le minéral de l'énergie, essentiel pour soutenir le corps face à la demande.

Le sommeil permet la réparation et la détoxification du corps. Un manque de sommeil induit de l'inflammation. La mélatonine, hormone du sommeil, agit également comme un réprimeur hormonal, et son déficit peut augmenter le risque de cancers hormono-dépendants. Il est recommandé d'utiliser des formes de mélatonine sublinguales pour une meilleure absorption cérébrale.

Adopter une alimentation hypotonique signifie choisir des aliments avec moins de pesticides, privilégiant le bio ou les circuits courts. Il est crucial d'éviter la conservation des aliments dans le plastique, car les composés chimiques migrent, surtout avec des aliments gras ou acides. La détoxification passe aussi par l'activité physique régulière et le soutien des organes émonctoires (foie, reins) par des plantes spécifiques.

La qualité du vieillissement est une affaire personnelle qui nécessite une prise en charge proactive. L'idée maîtresse est de nourrir correctement le corps pour que les envies excessives de grignotage disparaissent naturellement, car ces envies sont des réclamations du corps en manque de nutriments. La qualité de vie future dépend directement des actions entreprises aujourd'hui, soulignant l'importance de se sentir utile et en bonne santé.

Plusieurs questions spécifiques ont été abordées, notamment concernant la consommation de fruits le matin (favorisée si associée à des sources de protéines et de bonnes graisses, comme les flocons de quinoa et les graines de chia, et non avec des céréales sucrées industrielles). Concernant le jeûne intermittent, il est suggéré que ne pas déjeuner par manque de faim peut être bénéfique, tant que l'intervalle entre le dîner et le premier repas du lendemain est de 13 à 16 heures.

En conclusion, l'invitation est faite à maintenir un esprit critique et à continuer à s'informer sur la physiologie et la micronutrition. Les connaissances partagées doivent inciter à l'action pour intégrer ces conseils et prendre en main la qualité du vieillissement, en s'appuyant sur des professionnels de la santé alignés sur une éthique de prévention rigoureuse.