Les origines de l'Expressionnisme

Avec l'avènement de la photographie, les œuvres d'art basées sur la peinture ont commencé à perdre leur statut de moyens privilégiés pour la reproduction objective de la réalité. Face à ce changement, de nombreux peintres se sont essayés à imaginer une réalité déformée dans le but de susciter une réaction émotionnelle chez les spectateurs. L'expressionnisme constitue un exemple parfait de cette transformation artistique. Ce genre est apparu au début du XXe siècle et a rapidement touché de multiples disciplines artistiques, allant du théâtre à la musique, en passant par l'architecture et, de manière significative, le cinéma.

Peu avant l'apogée du cinéma, l'expressionnisme est clairement établi, contrastant avec l'impressionnisme qui se concentrait encore sur la description de la réalité physique. L'expressionnisme agit en contre-réaction, mettant en scène des attributs fortement influencés par les théories de la psychanalyse et le symbolisme. Cette orientation lui a permis de prendre une place importante au début du XXe siècle, notamment en Allemagne, en explorant les profondeurs psychologiques plutôt que la surface visible du monde.

Les caractéristiques esthétiques majeures de l'expressionnisme en peinture reposent sur la distorsion des lignes et l'emploi de couleurs très vives. Dans cette optique, l'objet représenté perd de son importance intrinsèque ; il n'est plus qu'un prétexte servant à exprimer une vision du monde souvent pessimiste de la part du peintre. Cette subjectivité radicale marque une distance nette avec les mouvements précédents qui privilégiaient la fidélité visuelle.

Hervard Walden, critique d'art et fondateur du magazine *Storm* sur l'expressionnisme, a défini ce courant de manière philosophique. Il insiste sur le caractère expérientiel de l'art expressionniste, le distinguant des classifications stylistiques habituelles. Selon lui, l'essence même de ce mouvement réside dans la capacité de l'œuvre à matérialiser des ressentis internes profonds.

l'exposionnisme n'est pas un style ou un mouvement, c'est une perception du monde.

Rudolph Kurt, acteur impliqué dans une autre revue artistique, propose une définition qui ancre l'expressionnisme dans le contexte socio-historique. Pour Kurt, l'expressionnisme transcende la simple classification artistique pour devenir le reflet d'une période de bouleversements majeurs. Cette interprétation souligne l'engagement de l'art face aux tensions de l'époque.

l'expression d'une crise mondiale.

Au théâtre, les personnages sont conçus comme des types abstraits plutôt que comme des individus dotés d'une psychologie détaillée. Leurs actions ne sont pas motivées par des raisons psychologiques complexes ; au contraire, les gestes des acteurs sont volontairement expressifs et non naturalistes. L'ensemble de la scène est souvent accentué par un jeu de lumière dramatique, renforçant l'atmosphère stylisée et symbolique de la représentation.

En architecture, l'expressionnisme se manifeste par la recherche de formes symboliques et archétypales. Ces formes cherchent à incarner des idées ou des états d'âme plutôt que de répondre uniquement à des fonctions pratiques. Des structures comme la cave, la tour ou encore le cristal sont privilégiées pour leur potentiel évocateur et leur capacité à exprimer une vision intérieure de l'espace.

La discipline la plus marquée par l'expressionnisme en Allemagne est sans aucun doute le cinéma, avec des réalisateurs notables tels que Frang M ou encore Robert. Dans ce domaine, l'expressionnisme est considéré comme un mouvement d'avant-garde, fondé spécifiquement à Munich en 1910. Ce courant cinématographique a pris le relais des autres arts en appliquant une stylisation géométrique marquée du décor, créant ainsi un univers visuel distinctif et puissant.

Le cinéma expressionniste se caractérise par un contraste saisissant d'ombre et de lumière, employant intensivement le clair-obscur. Tel est le climat visuel caractéristique qui aspire à montrer une optique déformée de la réalité. Pour que les opérateurs cinématographiques puissent utiliser toutes les ressources de la photographie d'art, il fut décidé que les films seraient tournés uniquement en studio, garantissant un contrôle total sur l'éclairage et les décors stylisés.

Quelques films postérieurs au cinéma muet ont été réalisés dans le même style lors du passage au cinéma sonore, à l'image de *M le maudit* de Fritz Lang. Plus tard, d'autres cinéastes ont utilisé des éléments de l'expressionnisme cinématographique, tout en adoptant une esthétique beaucoup plus mûre et éloignée de l'excès théâtral initial, comme l'indique la mention de *Straße 89*.