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    Les machines de guerre du Moyen Âge - Château de Castelnaud

    Valuable insights

    1.Le Château de Castelnaud et son musée: Le château de Castelnaud en Dordogne abrite un Musée de la guerre au Moyen Âge, célèbre pour ses reconstitutions fonctionnelles d'armes de siège médiévales, rendues possibles par des rénovations majeures.

    2.La poliorcétique exige des ingénieurs: L'art de faire tomber les forteresses, ou poliorcétique, requiert des connaissances pointues en physique, géométrie et charpenterie, nécessitant des artisans spécialistes pour concevoir et assembler ces engins sur place.

    3.Le trébuchet supplante la catapulte: La catapulte antique à torsion fut abandonnée au profit des armes à balancier comme le mangonneau et le trébuchet, utilisant un contrepoids (huche) pour projeter des charges de plusieurs dizaines, voire centaines, de kilos.

    4.La perte et la redécouverte des savoirs: Les connaissances techniques nécessaires aux armes à contrepoids se sont perdues avec l'avènement des canons. Les tentatives de reconstitution sous Napoléon III échouèrent faute de documentation précise.

    5.Le carnet de Villard de Honnecourt clé: La reconstitution réussie du trébuchet de Castelnaud en 1987 fut rendue possible grâce à l'édition du carnet de cet architecte du XIIIe siècle, offrant des détails mécaniques cruciaux.

    6.L'importance du choix des matériaux: La construction d'un trébuchet fonctionnel exige une sélection rigoureuse des bois, chaque essence possédant des propriétés physiques spécifiques pour résister aux contraintes mécaniques extrêmes subies par la verge et autres composants.

    7.Renaud Beffeyte, artisan des machines de guerre: L'artisan Renaud Beffeyte a reconstitué plus d'une centaine de machines, travaillant pour des sites comme Chinon et conseillant des productions cinématographiques majeures telles que Kingdom of Heaven.

    Le Château de Castelnaud et son Musée de la Guerre

    Le château fort de Castelnaud, situé en Dordogne, représente un monument stratégique dont la reconstruction initiale remonte au XIIIe siècle. Bien qu'il ait été modernisé jusqu'au XVIe siècle, il servit même de carrière de pierre au XIXe siècle. Depuis près de quarante ans, suite à un rachat et une rénovation financée par Philippe et Véronique Rossillon, le site héberge un Musée de la guerre au Moyen Âge. Ce musée présente une collection de plusieurs centaines d'armes, allant de la dague aux armes de siège, avec une particularité notable : l'exposition de reconstitutions fonctionnelles d'engins de siège médiévaux.

    L'art de la poliorcétique et ses spécialistes

    Les engins de siège sont les outils les plus reconnus de la poliorcétique, définie comme l'art de faire tomber les villes et les forteresses. Cette discipline côtoie d'autres techniques, telles que la sape, consistant à creuser des galeries sous les murs, ou encore l'usage de la famine et des échelles. L'appellation « art » n'est pas exagérée, car la conception, la fabrication, la maintenance et l'utilisation de ces armes exigent des connaissances nombreuses et souvent rares. Il est donc impératif de disposer d'artisans spécialistes, des « ingénieurs », qui accompagnent l'armée avec leurs outils et apprentis, car la taille des machines impose leur assemblage directement sur le lieu du siège.

    Distinction entre armes antiques et médiévales

    Contrairement à une idée reçue populaire, la catapulte à roulette, arme antique fonctionnant par torsion, n'est pas véritablement médiévale et fut rapidement remplacée en raison de son manque de fiabilité. Les ingénieurs lui préférèrent des armes à balancier, comme le mangonneau ou le trébuchet. Ces deux derniers fonctionnent grâce à un contrepoids, souvent logé dans un coffre de bois appelé « huche », situé à l'extrémité d'un bras. Lorsque le bras est relâché, la gravité provoque un mouvement de fronde, projetant le projectile, qui peut peser plusieurs dizaines de kilos, à des centaines de mètres.

    • Maîtrise des principes de la physique et de la géométrie.
    • Solides connaissances en charpenterie pour la construction.
    • Calcul précis du poids du lestage par rapport au projectile.
    • Détermination de l'angle d'éjection optimal du boulet.
    Tout ça c’est un peu plus complexe que de balancer des petits pois avec une cuillère.

    L'Éclipse du Savoir Technique

    L'utilisation de ces armes à contrepoids a décliné lorsque les canons les ont supplantées, entraînant une perte rapide des connaissances précises nécessaires à leur construction. La dernière utilisation documentée d'un trébuchet sur un champ de bataille date de 1521, lors du siège de Tenochtitlan au Mexique, où les forces de Cortés tentèrent d'en construire un, mais l'engin ne résista pas à son premier tir, faute de savoir-faire.

    Les tentatives de reconstitution infructueuses

    Pendant plusieurs siècles, le savoir-faire pour construire ces machines de guerre fut perdu. Une première tentative de reconstitution fut entreprise sous le règne de Napoléon III, mais elle manqua de succès. Cette tentative s'était principalement basée sur les représentations trouvées dans les manuscrits de chroniques, lesquels manquaient cruellement de détails techniques et ignoraient les proportions réelles des mécanismes.

    Et heureusement qu’ils n’ont pas tenté de reproduire tout ce qu’il y avait dans les miniatures, parce que... on aurait eu des lapins armés.

    La Renaissance du Trébuchet à Castelnaud

    En 1985, Kléber Rossillon, responsable du château de Castelnaud, initia le projet d'ajouter une reconstitution fonctionnelle d'arme de siège au musée. Passionné et polytechnicien, il comprit rapidement les défis techniques. Il s'assura l'aide de l'historien Jacques Miquel et de Renaud Beffeyte, un compagnon charpentier travaillant sur la rénovation du château. Faute de notices d'époque, ils durent se baser sur quelques factures. Une première maquette à l'échelle 1/10e fut construite, mais elle ne fonctionna pas.

    La découverte du carnet de Villard de Honnecourt

    Un événement fortuit survint en 1986 : quatre historiens, dont Régine Pernoud, éditèrent un manuscrit du XIIIe siècle conservé à la Bibliothèque Nationale de France : le carnet de Villard de Honnecourt, maître d'œuvre et architecte. Ce carnet, contenant plus de 200 dessins de mécanismes, dont celui du trébuchet, fut transmis par Jacques Miquel. Cette mine d'informations permit à Renaud Beffeyte de lancer la construction de la première reconstitution fonctionnelle d'un trébuchet médiéval en 1987.

    • Un premier boulet atteignit une distance de 168 mètres.
    • Les tirs suivants dépassèrent les 200 mètres de portée.
    • Cette portée assurait une sécurité relative aux servants face aux archers adverses.
    Machine
    Poids du Contrepoids
    Trébuchet de Castelnaud
    2 tonnes
    Modèles historiques majeurs
    Jusqu'à 10 tonnes

    Les Défis Techniques et l'Expertise de l'Artisanat

    La réussite de la machine de Castelnaud, toujours visible sur le site, dépendit de la capacité à trouver les bois appropriés. Chaque essence d'arbre possède des propriétés physiques distinctes, cruciales étant donné le stress mécanique intense subi par les pièces. Par exemple, la verge, le bras principal actionné lors du tir, fut réalisée en chêne, tandis que d'autres éléments nécessitèrent du buis ou du cormier, nécessitant un véritable tour de France des exploitations forestières pour garantir la qualité requise.

    L'impact psychologique et la carrière de Beffeyte

    La vue de ces machines en action impressionnait profondément les défenseurs, certains récits indiquant que la simple construction d'une telle arme pouvait suffire à provoquer une reddition. Après ce premier succès, Renaud Beffeyte a poursuivi son œuvre, participant à la reconstitution de plus d'une centaine de machines, incluant trébuchets, mangonneaux et bombardes, visibles sur de nombreux sites touristiques français comme le château de Chinon, ainsi qu'à l'étranger, notamment en Suisse et à Damas.

    • Tournage de Kingdom of Heaven de Ridley Scott.
    • Tournage d'Astérix Mission Cléopatre d'Alain Chabat.

    Il est actuellement possible d'assister à des tirs réels à Castelnaud, effectués avec un modèle réduit au 1/10e, spectacles offerts au public de la saison d'avril à octobre. Le château prépare l'inauguration d'une nouvelle machine, le couillard.

    Le Couillard : L'Apogée des Machines à Contrepoids

    La prochaine machine à être inaugurée à Castelnaud est le couillard, dont la démonstration publique est prévue le 24 mars, en présence de Kléber Rossillon, Jacques Miquel et Renaud Beffeyte. Le nom de cette arme est explicite quant à sa différence structurelle avec le trébuchet : au lieu d'une seule huche servant de contrepoids, le couillard en possède deux. Cette configuration lui conférait une cadence de tir nettement supérieure, tout en nécessitant une équipe de manœuvre réduite à moins d'une dizaine d'hommes.

    Fin de l'ère des armes de siège

    Le couillard est considéré comme l'engin de siège le plus abouti de la fin du Moyen Âge. Cependant, comme ses prédécesseurs, il a subi le même sort, étant progressivement remplacé par l'artillerie plus moderne, notamment les bombardes et les canons, marquant la fin de cette ère technologique.

    La visite de Castelnaud permet de découvrir ces fascinants projets de reconstitution, mettant en lumière les difficultés techniques considérables que représente la transposition des principes historiques en machines opérationnelles. Les démonstrations offrent un aperçu saisissant de la puissance militaire médiévale.

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