Languedoc Roussillon, le littoral des contrastes

Le Languedoc-Roussillon représente une région façonnée par l'association contrastée de la montagne pyrénéenne et de la vallée du Rhône, offrant un panorama résolument tourné vers la mer Méditerranée. Ce territoire frappe immédiatement par la diversité de ses sites naturels, mais également par la variété de son architecture et les comportements distincts de ses habitants. Cette région, profondément ancrée dans ses racines historiques, se tourne résolument vers l'avenir, aspirant à devenir un lieu central de rencontre et d'échange, dont l'importance ne cessera de croître dans les années à venir.

Évoquer le Languedoc-Roussillon nécessite de se référer à l'Homme de Tautavel, considéré comme l'un des premiers Européens. Sur le cône de la Rago, dans les Pyrénées-Orientales, un crâne vieux d'environ 450 000 ans fut découvert en 1961 par le professeur Henri de Lumley. Ce site archéologique d'une richesse exceptionnelle continue d'être minutieusement fouillé, centimètre par centimètre, livrant des secrets préhistoriques qui viennent enrichir la collection du Musée de la préhistoire de Tautavel.

L'histoire du Languedoc-Roussillon se manifeste à travers des constructions imposantes, comme la Forteresse de Salses. Les travaux de cette structure débutèrent en 1497 sur ordre de Ferdinand le Catholique. Il fallut dix ans pour achever ce chef-d'œuvre d'architecture, largement attribué au talent de l'ingénieur espagnol Ramiro Lopez. L'ensemble rappelait l'Espagne toute proche, ce qui est logique, car la forteresse fut un bastion espagnol pendant plus de 120 ans, imprenable par toute armée.

En 1691, le célèbre Vauban apporta des modifications à la forteresse, qui servit successivement de prison, de poudrière puis de caserne. Les visiteurs d'aujourd'hui prennent conscience en explorant ces pierres que près de 500 ans d'histoire du Roussillon y sont inscrits.

Un autre lieu chargé d'histoire espagnole est le Palais des Rois de Majorque à Perpignan, la plus ancienne résidence royale de France, érigée aux XIIIe et XIVe siècles. Cet édifice médiéval devint la capitale continentale des Rois de Majorque en 1262. Il présente un mélange d'influences romanes, gothiques, mais aussi hispaniques et nordiques, offrant aux résidents royaux un cadre paradisiaque avec une ombre fraîche ou la chaleur du soleil catalan.

Perpignan, capitale du Roussillon et chef-lieu des Pyrénées-Orientales, autrefois nommée Palpéunia au XIIe siècle, possède une identité complexe. Bien que rattachée à la France en 759 après le Traité des Pyrénées, la ville conserve fortement son caractère catalan à travers ses maisons, ses rues et ses espaces verts. Les Perpignanais affirment que leur ville est avant tout catalane, se sentant proches de la Catalogne espagnole malgré la séparation géographique.

Moins connue que Perpignan, la ville d'Elne fut également un haut lieu de l'histoire catalane, servant de capitale religieuse au Roussillon. Elle abrite l'un des plus beaux cloîtres romans du sud de la France, dont l'achèvement s'étala sur deux siècles, se terminant au XIVe siècle. Ce cloître étonne par la pureté de ses piliers et chapiteaux, et peut être visité comme un musée contenant des sarcophages du VIIe siècle.

Le savoir-faire des bâtisseurs du Moyen-Âge prend toute sa dimension dans ce décor magnifique.

Outre la richesse architecturale, le Roussillon possède une merveille naturelle façonnée par les Pyrénées et la mer : la Côte Vermeille. S'étendant d'Argelès jusqu'à la frontière espagnole, elle constitue l'une des plus belles régions côtières de France. Le bleu de l'eau et le vert omniprésent du vignoble en flanc de montagne créent une symphonie de couleurs invitant à la rêverie.

Surnommée le joyau de la Côte Vermeille, Collioure est un fleuron du tourisme en Roussillon. Le dépaysement y est total, et la montagne environnante procure un sentiment de sécurité. Le Château Royal des Templiers, vieux de plus de 700 ans, fut une résidence des Rois de Majorque et d'Aragon, et sert aujourd'hui de cadre à de nombreuses manifestations artistiques et culturelles.

C'est en arpentant les ruelles de Collioure que l'on saisit pourquoi des peintres comme Matisse et Picasso succombèrent à son charme. Les couleurs vives des façades jouant avec la lumière catalane favorisent l'inspiration. Après son premier séjour à Collioure durant l'été 1905, Matisse changea radicalement sa manière de peindre, donnant naissance à ce que l'on nomma le fauvisme.

Il sera quand même un juste de n’associer que la Côte Vermeille avec la peinture.

La commune de Cerbère, plus au sud, a également charmé de grands artistes du monde pictural par son calme et sa quiétude. Elle a exercé une influence comparable sur le cubisme, similaire à celle de Collioure sur le fauvisme. De nombreux artistes s'y sont rendus pour apprécier le charme de ses boulevards de platanes et ses terrasses de café, fréquentées par des noms célèbres tels que Braque, Jacob, Cocteau, Chagall et Dufy.

Considérée comme une merveille de l'Occident, la Cité de Carcassonne est un site stratégique majeur, située entre la Méditerranée, les Pyrénées et le Massif Central. Dominant l'Aude depuis une colline, cette forteresse représente un témoignage de l'histoire tumultueuse du Languedoc. Elle connut une phase d'expansion au XIIe siècle, lui donnant son aspect actuel.

L'histoire de Carcassonne est indissociable du catharisme. Raymond Roger Trencavel, seigneur de la cité, prit les cathares sous sa protection, ce qui provoqua une croisade lancée par le Pape en 1209. La ville fut assiégée et capitula, devenant le quartier général des troupes de Simon de Montfort, chef de la croisade contre l'hérésie cathare.

Progressivement, la cité perdit de son importance stratégique. Ce n'est qu'en 1844 que Viollet-le-Duc entreprit sa restauration, un travail dont le résultat serait admiré un siècle plus tard par plus de 200 000 visiteurs annuels.

Symbole de l'orgueil du Midi, les citadelles cathares sont disséminées principalement dans l'Aude. Construites à des hauteurs vertigineuses et quasiment imprenables, elles furent des symboles de résistance contre les troupes de Simon de Montfort durant la croisade albigeoise. Progresser vers ces citadelles du vertige permet de comprendre leur rôle dans la protection des cathares et d'imaginer la pénibilité des sièges.

Pour compléter l'histoire du catharisme, une incursion s'impose à Minerve, dans le département de l'Hérault, qui fut le refuge des hérétiques du Minervois. Simon de Montfort et son armée y arrivèrent en juin 1210. Installée sur un promontoire rocheux, Minerve est l'un des sites les plus pittoresques du Languedoc.

Sous la terrible chaleur de l'été 1210, Simon de Montfort fit construire un énorme trébuchet, nommé la Malvoisine, et organisa un bombardement intense de la ville. À la fin du mois de juillet, le vicomte Guilhem, propriétaire des lieux, n'eut d'autre choix que de se rendre. Refusant de renier leur foi, les réfugiés cathares se brûlèrent dans un immense bûcher, alors que Montfort leur offrait la vie sauve en échange d'un retour à l'Église.

Avec la fin du catharisme, l'Église put s'implanter définitivement dans l'Aude. L'abbaye de Fontfroide, située entre Narbonne et Carcassonne, en est une parfaite illustration. Fondée au XIe siècle, elle fut affiliée à l'ordre cistercien de Saint-Selve en 1143, et demeure aujourd'hui un lieu où le promeneur peut admirer ses richesses archéologiques tout en assistant à des manifestations culturelles.

Une autre grande richesse réside dans les zones côtières où cohabitent tourisme et réserves naturelles. À l'extrême sud-est du département se trouve l'étang de Sigean, une enclave maritime intérieure reliée à la Méditerranée par trois passages étroits appelés « gros ». La ressource principale y est la pêche, permettant de capturer des soles, des loups, des dorades, des rougets, des sèches et des turbots.

À la frontière de l'Aude et de l'Hérault, la station balnéaire de Gruissan contraste étrangement avec ses voisines du Languedoc-Roussillon. La plage de pilotine donne l'impression d'un échouage dans un coin de Louisiane, si l'on arrivait par la mer. Ce contraste est accentué par la vieille ville ceinturant un immense rocher sur lequel veille la Tour Barberousse, dernier vestige d'un château disparu.

Les stations balnéaires de l'Hérault, à l'image de la Grande-Motte, possèdent une particularité architecturale notable. Suite aux volontés d'une mission interministérielle présidée par Pierre Racine, il fut décidé que chaque nouvelle station serait bâtie avec son propre style, sans nuire à l'écosystème. Le résultat est aujourd'hui considéré comme un modèle par d'autres pays ayant une vocation touristique.

Ces villes sont tous sauf des villes fantômes ne renaissant qu'à l'époque des congés d'été.

Bien que ce résultat ait pu choquer par le passé, ces cités sont habitées en permanence. Les cinq cent mille touristes qui y séjournent durant l'année apprécient autant les plages que les remarquables ports de plaisance, faisant de l'industrie touristique l'un des principaux fleurons de la vie économique de l'Hérault.

La navigation de plaisance est très importante sur le littoral languedocien, ce qui résulte de l'attachement de la population à son patrimoine maritime. Sète, premier port de pêche du littoral méditerranéen, apparaît comme une île coincée entre l'étang de Thau et la mer. Cette position géographique singulière lui vaut le surnom de Venise languedocienne, traversée par d'innombrables canaux.

En parcourant les chemins du Mont Saint Clair, notamment au niveau du cimetière marin dominant la mer, le recueillement est de rigueur. Le sommet de cette colline offre un panorama exceptionnel sur Sète et l'étang de Thau. L'ostréiculture locale représente une richesse économique, culturelle et touristique majeure pour la ville, indissociable de son patrimoine.

Au-delà du lien fort entre la ville et la mer, les tournois de joute, dont l'origine remonte à plusieurs siècles, constituent un véritable sport pratiqué par des champions. Ces joutes représentent pour Sète une tradition aussi forte que la corrida l'est pour les Nîmois, incarnant des éléments essentiels de la culture languedocienne.

Les deux adversaires, perchés sur la tintaine, s'affrontent armés d'une lance et protégés par un bouclier, dans un combat où priment l'agilité, la force et la loyauté.

Contrastant avec le Languedoc du passé, Montpellier est le symbole d'une région qui se modernise de plus en plus, traduisant le dynamisme et l'esprit d'entreprise. La capitale administrative, politique et culturelle du Languedoc-Roussillon ambitionne de devenir une ville majeure dans l'Europe du Sud dans les années à venir.

La ville nouvelle d'Antigone, conçue par l'architecte catalan Ricardo Bofill, s'inspire des modèles grecs et romains. La quasi-perfection des façades, la précision des grandes rues, la majesté des places et le grand nombre d'espaces verts rassurent et attirent les promeneurs souhaitant flâner au cœur de ce quartier.

L'Opéra de Montpellier, situé à l'ouest de la place de la Comédie, fut achevé en 1888, près de 150 ans après la décision de construction du maréchal Richelieu en 1755. C'est le deuxième plus grand théâtre de France, contribuant au statut de pôle culturel incontournable de Montpellier. La place de la Comédie, datant du XVIIIe siècle, constitue le centre de vie de la ville, bordée de cafés, restaurants et magasins.

En quittant cette place, un ensemble de ruelles hérité d'une ville plusieurs fois centenaire se révèle. Au XIIe siècle, Montpellier était déjà un haut lieu de commerce et de négoce. Ce dédale de rues et de petites places forme aujourd'hui un vaste ensemble piétonnier agréable pour découvrir un Montpellier inédit, contrastant avec les quartiers modernes.

Une des grandes fiertés de Montpellier réside dans son patrimoine universitaire. La faculté de médecine, dont les origines remontent au début du XIIIe siècle, accueillait des étudiants de toute l'Europe et devint l'une des plus prestigieuses du Vieux Continent au XVIe siècle. Non loin de là, la cathédrale Saint-Pierre se dresse, notamment avec son porche démesuré soutenu par deux énormes piliers, tranchant avec les styles de l'époque.

Ce qui n'était qu'une chapelle du monastère Saint-Benoît devint cathédrale en 1536 suite au transfert de l'évêché de Maguelone à Montpellier. L'Arc de Triomphe, bâti à la fin du XVIIe siècle et inspiré des portes parisiennes, marquait la limite ouest de la ville, annonçant les futures urbanisations.

En quittant Montpellier par le nord, on pénètre dans une région où la nature a su préserver son côté sauvage, en partie à cause des conditions de vie difficiles et d'une volonté humaine de protection environnementale. La Grotte des Demoiselles, découverte derrière les falaises du Thaurac à la fin du XVIIIe siècle, symbolise cette richesse naturelle.

Grâce à l'électricité et à un aménagement de grande qualité, il est possible aujourd'hui de découvrir un gouffre d'une immensité presque inimaginable, avec 120 mètres de long, 86 mètres de large et 50 mètres de haut, des dimensions dignes d'une cathédrale. Le décor féérique transportant le visiteur dans un monde irréel est créé par le gigantisme des stalactites et des stalagmites.

Tout ici nous fait perdre la notion de temps et d'espace.

La stalagmite située au plus profond de la grotte, rappelant la Vierge Marie tenant l'enfant Jésus, suscite particulièrement l'admiration des visiteurs.

La Lozère surprend par la diversité extrême des contrées traversées. Elle a longtemps eu le statut de désert français, illustré par le Causse Méjean, un gigantesque plateau situé à environ 1000 mètres d'altitude. Ce site de 33 000 hectares d'herbe jaune évoque les immenses steppes d'Asie centrale, bien que quelques détails rappellent la présence humaine.

Le Causse de Sauveterre, situé au nord-est du Causse Méjean, est tout aussi beau et plus propice à l'élevage, tout en conservant un caractère sauvage. Ces deux causses forment, à partir de Sainte-Émilie, les célèbres Gorges du Tarn, un magnifique canyon dont la profondeur varie entre 400 et 500 mètres.

La ville de Florac se situe à l'intersection de trois rivières : le Tarnon, le Tarn et le Mimente. En flânant le long des berges du Vioiron, on apprécie le calme et la douceur de vivre d'une ville qui a su préserver son identité et ses traditions. Ce n'est pas un hasard si Florac est la capitale officielle du Parc National des Cévennes.

Fondé en 1970, le parc national a pour but la protection des sites naturels qui le composent, mais aussi des hommes qui y habitent, afin de préserver un milieu rural menacé d'exode. S'étendant sur plus de 90 000 hectares, le parc couvre les deux tiers de la Lozère et toute la partie nord-est du Gard.

Une fois les 148 marches du donjon escaladées, le panorama offert sur la ville, l'arrière-pays jusqu'à la cathédrale Saint-Théodorite est absolument magique. La cathédrale Saint-Théodorite, faisant bloc avec la tour Fenestrelle, mélange les styles : XVIIe siècle pour la cathédrale et XIIe siècle pour la tour. Cet ensemble architectural est un lieu de promenade privilégié, offrant un point de vue remarquable sur la Vallée d'Alzon.

Beaucoup plus au sud, à la limite du Languedoc-Roussillon, les canaux du delta du Rhône irriguent la Petite Camargue, une vaste étendue sauvage allant des Saintes-Maries-de-la-Mer jusqu'au Costières. Ce site protégé se caractérise par ses élevages de taureaux, une tradition remontant à l'Antiquité. Le taureau camarguais, plus petit que son cousin espagnol, vit en liberté sur les pâturages de la Camargue Gardoise.

Les arènes de Nîmes, datant du Ier siècle avant Jésus-Christ, constituent l'un des hauts lieux de la tauromachie française. En observant ce monument, il est impossible de ne pas penser aux gladiateurs qui foulaient son sol. Les arènes sont l'un des sites archéologiques romains les mieux conservés au monde, pouvant accueillir jusqu'à 24 000 personnes, bien que les corridas n'y aient débuté qu'en 1863.

Il est difficile de dissocier Nîmes du monde romain en progressant vers son centre. La Maison Carrée, un temple construit entre l'an 4 et l'an 7 après J.-C., était dédiée à Caius et Lucius César. Intégrée dans une place réaménagée, elle s'harmonise parfaitement avec les façades environnantes.

Aux intersections de la rue Jean Jaurès et des quais de la Fontaine se trouvent les Jardins de la Fontaine, considérés comme le premier jardin public de France, aménagé au milieu du XVIIIe siècle sur un ancien sanctuaire païen romain. Dominant la ville, la Tour Magne, d'une trentaine de mètres, faisait partie de l'ancienne enceinte romaine et constituait sa tour principale.

Troisième monument français le plus visité, le Pont du Gard est la septième merveille du monde romain. Sa majesté et sa noblesse impressionnent tous ceux qui viennent lui rendre visite depuis des siècles. Cet aqueduc vieux de plus de 2000 ans avait pour but d'alimenter en eau la ville de Nîmes. Bien qu'il ne soit plus fonctionnel, le génie et l'audace de ses bâtisseurs resteront à jamais une source d'inspiration.

Ce voyage entre ciel et mer, de Tautavel au Pont du Gard, a révélé le Languedoc-Roussillon comme une région riche de vie. Cette richesse réside dans son patrimoine, son histoire, ses paysages, mais surtout dans ses habitants, hommes et femmes de la région, qui souhaitent faire découvrir la passion de ce territoire.