Valuable insights
1.L'Habitant, pilier oublié de la Nouvelle-France: L'habitant représente celui qui a choisi de s'établir durablement dans la colonie, contrastant avec les figures héroïques plus éphémères comme les explorateurs ou les missionnaires.
2.Architecture domestique modeste et fonctionnelle: Les premières habitations étaient des constructions simples en bois, souvent à une seule pièce, calquées sur l'architecture rurale du nord de la France, adaptées aux nécessités de survie.
3.Fusion vestimentaire adaptée au climat canadien: Les colons ont rapidement délaissé les costumes européens pour adopter des vêtements plus pratiques, intégrant des emprunts amérindiens comme les mocassins pour affronter la rigueur hivernale.
4.Évolution d'une cuisine originale et métissée: Malgré des origines régionales françaises diverses, les mariages ont rapidement forgé une cuisine uniformisée, enrichie par des emprunts culinaires aux communautés autochtones.
5.L'esprit d'égalité, une influence autochtone majeure: L'influence des Premières Nations a engendré un esprit d'égalité marqué, notamment dans la perception de la terre comme entité nourricière plutôt que comme propriété privée.
6.Relations tendues avec l'autorité coloniale: Les administrateurs dénonçaient l'arrogance et le manque de déférence des Canadiens envers les nobles, ces derniers étant souvent perçus comme étant de niveau social similaire.
L'Émergence de l'Habitant, Héros Social Oublié
Toute société possède ses figures sociales emblématiques, telles que le notaire ou le curé. Cependant, dans le contexte de la colonie naissante, l'explorateur, le navigateur ou le missionnaire ont souvent éclipsé un acteur fondamental : l'habitant. Ce dernier est défini par sa décision délibérée de vivre durablement sur le territoire, de s'acclimater aux conditions locales. Face à la menace constante des Iroquois, alliés des Anglais sur la côte atlantique, la femme de l'habitant devait même maîtriser l'usage du mousquet tout en assumant les tâches ménagères et la surveillance des enfants.
Définition et Distinction des Colons
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le terme « habitant » désignait exclusivement ceux qui avaient choisi la vallée du Saint-Laurent comme patrie. Cette appellation servait à les différencier des individus de passage dans la colonie, comme les militaires, les administrateurs ou les marchands français. L'importance de cette distinction est attestée par la création, en 1645, de la Compagnie des Habitants, qui détenait le monopole des fourrures. L'usage du mot s'est généralisé, englobant même les seigneurs, afin de marquer une rupture nette avec la condition des paysans français, soumis à d'importantes contraintes, corvées et taxes féodales.
Les paysans vivent au Canada plus commodément qu'une infinité de gentilshommes en France. Quand on dit paysan, on se trompe, il faut dire habitant.
Une fois la terre défrichée, la maison bâtie et la famille installée, l'existence des habitants s'avérait plus vivable que celle de nombreux paysans français, constamment menacés par la guerre ou la famine.
Habitat et Architecture de Survie
Après l'établissement initial, la vie des colons s'organisait autour de structures modestes. Les premières maisons étaient typiquement des constructions en bois, caractérisées par une seule pièce et une unique cheminée. Cette architecture de survivance était modelée sur les formes rurales et bourgeoises des provinces septentrionales de la France, cherchant à reproduire un semblant de foyer connu.
Techniques de Construction et Luxe Initial
Les techniques employées pour bâtir ces demeures variaient : soit la méthode « pièce sur pièce » avec des rondins posés horizontalement, soit le colombage avec des pièces verticales, le tout étant recouvert de paille ou de planches pour les familles moins aisées. Seuls les plus fortunés pouvaient se permettre d'importer de France des vitres pour les fenêtres et de l'ardoise pour couvrir le toit, des marqueurs clairs de statut social.
Adaptation Vestimentaire et Identité Locale
Les dimanches et jours de fête constituaient l'occasion pour les habitants de revêtir leurs plus beaux habits. Cependant, durant la semaine, ils adoptaient un costume répondant bien mieux aux besoins pratiques de la vie coloniale que les tenues françaises traditionnelles. En été, par forte chaleur, certains portaient une simple tunique décolletée et relevée à mi-jambe. Cette liberté vestimentaire ne tarda pas à être dénoncée par le clergé, qui voyait dans cette aisance une forme de relâchement moral.
Emprunts Amérindiens pour l'Hiver
Pour affronter la rigueur de la saison hivernale, une adaptation significative s'opérait par l'emprunt de vêtements aux Amérindiens. Cela incluait l'adoption des mocassins, des jambières et des habits de peau, comme la pèlerine, qui facilitaient grandement la marche dans la neige. Une autre originalité vestimentaire reconnue, véritable symbole de l'habitant, était la Tuque rouge.
Cuisine, Consommation et Biais des Voyageurs
Les colons arrivaient avec des habitudes alimentaires très hétérogènes, reflétant les diverses provinces de France d'où ils provenaient, car la cuisine française n'était pas encore uniformisée. Cependant, les mariages entre individus de différentes régions modifièrent rapidement ces pratiques. Il en résulta le développement d'une cuisine originale et uniformisée, conservant des caractéristiques régionales tout en s'enrichissant d'emprunts culinaires auprès des Amérindiens.
Critiques Sociales et Consommation d'Alcool
Les récits de voyageurs décrivent souvent les femmes comme étant généralement belles, les sages étant communes et les paresseuses nombreuses, aimant le luxe et rivalisant pour séduire les maris. Les hommes n'échappaient pas non plus aux critiques. Il était reproché à plusieurs Canadiens de consommer de l'alcool de manière excessive, parfois dès le matin, à l'instar de la pratique antillaise. On buvait du rhum, de la bière, du vin, du cidre, mais aussi du « bouillon », un liquide légèrement alcoolisé obtenu par fermentation d'une boule de pâte à pain plongée dans l'eau.
Il faut se méfier : les voyageurs qui arrivent considèrent la vie dans la colonie avec leurs préjugés et leur propre culture. La preuve, ils désignent parfois les habitants sous le nom de Créoles du Canada.
Ces récits, bien que documentaires, doivent être interprétés avec prudence, car les observateurs étrangers appliquaient souvent leurs propres grilles culturelles, menant à des jugements biaisés sur la vie locale.
L'Esprit d'Égalité et les Relations Communautaires
Une autre conséquence notable de l'influence du territoire et de la fréquentation des Amérindiens fut le développement d'un esprit d'égalité. Cet esprit allait parfois jusqu'à choquer les administrateurs français habitués à une stricte hiérarchie. Contrairement aux croyances européennes, la terre n'était pas perçue comme une propriété, mais plutôt comme une entité à laquelle l'individu appartenait. La terre était vue comme une mère nourricière qui assurait la subsistance du cultivateur.
Partage et Réciprocité Autochtone
- L'hospitalité était une marque de grande qualité chez les Amérindiens.
- Le partage était absolu, s'appliquant aux êtres comme aux objets.
- La réciprocité conditionnait le partage : si un visiteur partageait sa nourriture, l'hôte s'attendait à en recevoir en retour.
- Cette notion de communauté influençait la vie des coureurs de bois qui fréquentaient ces communautés.
Relations Seigneuriales et Coutumes Locales
Cet esprit d'égalité teinta également les relations entre le censitaire (l'habitant) et son seigneur. De nombreux seigneurs ne menaient pas une vie radicalement différente de celle des concessionnaires de terres. Bien qu'ils résident parfois dans un manoir, ils appartenaient fondamentalement au même niveau de qualité sociale que leurs tenanciers. Une coutume annuelle, dite du « très vieil honneur », consistait pour les censitaires à planter un grand sapin sans branches devant la maison du seigneur le 1er mai pour lui rendre hommage.
Esclavage et Justice Privée
La manière dont les esclaves étaient traités contrastait avec les pratiques européennes. Les communautés religieuses possédaient des esclaves considérés comme des domestiques sans salaire. Il était fréquent que ces esclaves soient affranchis, retrouvant alors leur liberté et devenant des citoyens ordinaires, pouvant même contracter mariage avec des Canadiens. Par ailleurs, le duel, bien qu'existant en Nouvelle-France, pouvait dans certains cas être puni de mort.
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