Valuable insights
1.Le jardin forêt, un modèle d'abondance: Le jardin forêt est un lieu conçu pour l'abondance alimentaire, énergétique ou médicinale, où les plantes coopèrent pour se rendre service mutuellement.
2.L'agriculture face aux défis climatiques: La migration des cultures vers le nord et le besoin accru en irrigation, comme le montrent les données du GIEC, forcent une réadaptation profonde de l'agriculture.
3.La vie du sol est la clé de la résilience: La séquestration du carbone, la gestion de l'eau et la préservation de la biodiversité dépendent directement de la vitalité de l'écosystème souterrain.
4.Les champignons, moteurs de la régénération: Les champignons mycorhiziens sont fondamentaux pour digérer la matière organique, réguler la santé des plantes et influencer la production de pluie.
5.Deux types de mycorhizes aux rôles distincts: Les ectomycorhizes dominent les forêts tempérées, tandis que les endomycorhizes, prédominantes en zones tropicales, pilotent l'eau et les nutriments de manière plus directe.
6.Le canon à proton fongique: Les champignons ont développé un mécanisme pour décomposer la lignine, mettant fin à l'accumulation de bois qui formait les gisements de charbon.
7.Maîtrise des polluants par le vivant fongique: Les champignons sont capables de séquestrer, diluer ou neutraliser des polluants persistants tels que les métaux lourds et les organochlorés.
8.Les autoroutes fongiques du sol: Les réseaux mycéliens fonctionnent comme des autoroutes, transportant nutriments, sucres et composés protecteurs sur des dizaines de mètres chaque jour.
9.Le rôle des castors dans l'hydratation des terres: En coupant du bois, les castors stimulent les champignons qui transportent l'eau par capillarité, réhydratant les paysages jusqu'à 50 mètres d'altitude.
10.Les oiseaux, vecteurs de la biodiversité du sol: Les migrateurs transportent des micro-organismes essentiels, comme les spores de champignons endomycorhiziens et les bactéries fixatrices d'azote, entre les écosystèmes.
Introduction aux Jardins Forêts et à la Vie du Sol
Des dizaines de visites de jardins forêts sont organisées en Belgique, rencontrant un vif succès. Un jardin forêt se définit comme un lieu voué à l'abondance, qu'elle soit alimentaire, énergétique ou médicinale. L'agencement des plantes vise à rendre service à tout être, humain ou non. Les plantes mélières côtoient les arbres, les arbustes se mélangent aux plantes ligneuses, et l'ensemble est complété par des racines tubéreuses et des champignons, visibles ou invisibles. Ce festival, soutenu par des intervenants reconnus comme Monsieur Coves, vise à créer une communauté internationale d'amoureux de la nature abondante, proposant une approche résiliente de la conception des jardins.
Remise en question de la production alimentaire moderne
Une nouvelle vision holistique de la production alimentaire est nécessaire. Des questions fondamentales se posent : comment se passer de l'azote minéral épandu dans les champs ? Comment éviter l'usage d'insecticides contre les pucerons ? La solution à une grande partie de ces problèmes réside sous nos pieds : séquestration du carbone, gestion des excès et manques d'eau, anticipation de l'érosion, préservation et amélioration de la biodiversité des sols, et capitalisation de la fertilité pour les siècles futurs. Hervé Coves, agronome de formation, a consacré son intérêt aux champignons microscopiques du sol, qu'il considère comme la clef.
La vie est belle. C'est la chose la plus importante qu'il vous faudra retenir de ce temps passer ensemble et tout le reste, c'est un peu du blabla.
Les Projections Climatiques et le Rapport du GIEC
L'examen des données issues de la sixième édition du rapport du GIEC (2022) révèle des changements majeurs pour l'agriculture européenne. Les cartes montrent que la culture du maïs se déplacera vers le nord de la France et la Belgique, rendant le sud-ouest inadapté. Cette migration implique des besoins considérables en eau : pour le blé, il faudrait jusqu'à 400 à 500 mm d'eau supplémentaire par hectare en Belgique, soit 40 000 m³ pour 100 hectares. Cela explique l'orientation vers les méga-bassines, tandis que l'Ukraine pourrait devenir une nouvelle zone de production majeure.
L'utilité de la boîte à outils du GIEC
Le troisième tome du rapport du GIEC, fort de 3069 pages et de plus de 28000 contributions, constitue une boîte à outils accessible. Il met en avant des stratégies comme l'agroforesterie, l'agroécologie, la permaculture, la forêt jardin et l'écologie régénérative comme éléments essentiels pour résoudre les menaces agricoles actuelles. Ces concepts contrastent avec les modèles industriels qui tendent à l'uniformité.
La Dégradation Écosystémique et la Vie du Sol
Une étude de l'Université d'Alicante illustre la destruction du monde : une forêt qui génère sa propre pluie et fertilité décline suite à un problème au niveau du sol, entraînant l'apparition de pathologies et un effondrement systémique vers la désertification. L'agriculture historique, depuis la Mésopotamie, a été extractiviste, s'éloignant de la forêt. Les forêts naturelles, qui créent leur propre eau, possèdent plus de 30 espèces d'arbres, contrairement aux modes de sylviculture modernes qui se contentent souvent de trois espèces, rendant ces forêts incapables d'assurer leur propre cycle hydrique.
Les pathologies comme symptômes d'un sol non vivant
Les maladies du sol, comme le Phytophthora (l'encre du châtaignier), se développent lorsque le sol manque de vie. Ces pathogènes ne sont pas la cause, mais le symptôme d'un sol qui fonctionne mal. Un sol vivant requiert une abondance d'animaux, notamment des vers de terre. Pour augmenter la population de vers de terre, il faut leur fournir de la nourriture : des tonnes de fourrage par hectare supplémentaire par tonne de vers de terre ajoutée. Un sol vivant est donc rempli de petits organismes animaux.
- Déclin de la végétation et disparition de la production d'eau.
- Apparition de nouvelles pathologies dans le sol.
- Effondrement systémique menant à une désertification absolue.
Les Champignons Mycorhiziens : Architecture de la Fertilité
Les champignons mycorhiziens sont la base de la régénération des milieux, permettant de digérer et recomposer la matière organique. Leur activité est d'autant plus forte que la diversité végétale est importante et que le sol est uniformément couvert, maximisant la capture de l'énergie solaire transformée en sucre. Fait notable, la photosynthèse refroidit l'atmosphère ; un sol couvert présente un écart de 4 à 8°C par rapport à un sol nu, grâce à l'effet albédo. Les champignons indiquent qu'il faut augmenter la proportion de plantes ligneuses et d'arbres pour régénérer les sols.
Différences entre Ectomycorhizes et Endomycorhizes
Les champignons ectomycorhiziens sont typiques des forêts tempérées (chênes, hêtres) et se répartissent majoritairement au nord. Ils restent à l'extérieur de la radicelle. Inversement, les endomycorhizes, ou mycorhizes à arbuscules, sont très présentes dans les zones tropicales et sont capables de piloter directement l'entrée des nutriments et de l'eau dans la plante. Ces derniers sont particulièrement efficaces pour réguler l'hydratation de la sève, empêchant des maladies cryptogamiques comme l'oïdium lorsque les feuilles absorbent un excès d'eau.
- Les écosystèmes forestiers du sud migrent vers le nord avec le climat.
- Des espèces emblématiques comme le hêtre risquent de disparaître dans certaines régions françaises (ex: Forêt de Soignes en Belgique, plantée selon les préceptes de Colbert).
- Les plantes cultivées (tomates, concombres) bénéficient également de la présence des endomycorhizes pour leur santé.
Exemples de Symbioses Naturelles et de Régénération
Des exemples mondiaux illustrent la capacité des écosystèmes à gérer l'eau et le climat. La forêt suspendue de Jingde en Chine, recevant seulement 300 à 400 mm d'eau par an, maintient des arbres sur des cailloux. Au Japon, les vergers de cerisiers (arbres endomycorhiziens) produisent abondamment avec 600 mm de pluie, là où l'agriculture conventionnelle nécessiterait 400 mm supplémentaires d'irrigation. Ces forêts sont éminemment fruitières, avec 30 à 40 espèces fruitières différentes.
Le rôle des animaux dans la sélection et la dispersion
Les forêts de pommiers sauvages du Kazakhstan sont le berceau de nos pommes, sélectionnées sur des millions d'années par la gourmandise des ours. Ces ours dispersaient les graines des fruits les plus gros et sucrés, créant une diversité exceptionnelle. De même, les oasis marocaines, bien que nécessitant une initiation par l'eau, sont des systèmes où la collaboration entre humains et nature permet de cultiver la pluie, mettant l'accent sur la conception lente de la vie, comme un utérus alimenté par une « placata ».
Où sont nos placata ? Où sont nos utérus ? Où sont ces lieux où tout doucement la vie peut commencer à se développer ?
L'exemple des castors et la réhydratation des paysages
Les castors, présents depuis des décennies dans certaines régions, métamorphosent les écosystèmes. En coupant le bois, ils cultivent des champignons qui, grâce à leur capacité de transport d'eau via les réseaux mycéliens, peuvent irriguer des zones situées jusqu'à 150 mètres du cours d'eau et remonter jusqu'à 50 mètres en altitude. Ceci permet à des plantes gourmandes en eau de prospérer dans des zones arides, démontrant l'efficacité du mimétisme castor pour réhydrater les paysages.
Les Mécanismes de Connexion et de Soin Écosystémique
L'azote, ressource infinie dans l'air, peut être fixé par des organismes comme les rhizobiums dans les nodosités des légumineuses. Cependant, cette fixation est décuplée lorsque ces légumineuses sont associées à des arbres fruitiers ou pionniers. Les arbres fournissent jusqu'à 20 % de leur sève pour nourrir la vie du sol, permettant aux nodosités de produire des quantités d'azote bien supérieures aux estimations conventionnelles (110 unités au lieu de 30). Des bactéries libres comme les Pseudomonas, excrétées par les vers de terre, participent également à cette fixation de l'azote atmosphérique.
Les autoroutes du sol et les composés bioactifs
Les champignons sont maîtres dans la gestion des molécules complexes. Leur canon à proton permet de fragmenter des structures résistantes comme la lignine ou même des polluants comme le DDT. Les réseaux mycéliens diffusent ensuite ces composés. Il a été observé que ces autoroutes fongiques peuvent transporter des substances sur 50 mètres en une journée. Par exemple, un saule produisant de l'acide salicylique (aspirine) peut soigner des cultures voisines (pommes de terre, vignes) en transférant cet antioxydant via les champignons.
La propagation de la vie par les migrateurs
Les oiseaux sont des alliés précieux dans la construction de nouveaux écosystèmes. Les cigognes, par exemple, ingèrent des micro-organismes du sud (spores endomycorhiziennes, bactéries) et les déposent dans les zones humides européennes. De même, les rossignols, revenant des zones sahéliennes, transportent des bactéries fixatrices d'azote. Planter des amélanchiers, une plante commune aux zones sahariennes et tempérées, attire ces oiseaux et favorise la diversité fongique autour des cultures.
- Elles sont connectées au même réseau fongique que les plantes cultivées.
- Elles sont capables de donner une partie de leurs substances pour soigner les plantes environnantes (ex: la nigelle contre l'engorgement).
- L'intégration d'un carré médicinal est recommandée dans tout jardin forêt pour le soin mutuel.
Conclusion : Cultiver la Relation avec la Terre
La question de la gouvernance des sols est soulevée, mais le temps de l'engendrement nécessite de la lenteur, ce qui complique une mutation rapide imposée par le politique. Il est plus pertinent d'aider les pionniers qui œuvrent localement. L'agriculture industrielle, qui préfère produire des biocarburants, est moins productive en termes de nourriture humaine que les forêts jardins (1000 personnes/km² contre 130 en France). La ténacité et la patience sont nécessaires pour engendrer un nouveau monde.
Le message des Kogis et la diversité
Les anciens Kogis de la Sierra Nevada ont une règle simple : « Prendre soin de la terre, et elle prendra soin de toi. » Ce changement de paradigme relationnel est plus efficace que les politiques actuelles. La diversité que l'on aime (fruits, plantes) crée des écosystèmes diversifiés qui contiennent les 30 à 40 espèces d'arbres nécessaires pour maintenir le réseau fongique en place. Il est impératif de ne pas voir les nouveaux arrivants (comme le frelon asiatique) comme une invasion, mais comme des agents de transformation qui apportent de nouveaux équilibres.
Les arbres sont des poèmes que la terre écrit pour le ciel.
La vie est belle, et la Terre est à l'œuvre pour métamorphoser le monde. Il faut être attentif, créer des corridors biologiques et planter des jardins forêts partout, car la vie se multiplie et se répand dès que la graine peut germer. Les efforts et la patience sont récompensés par la naissance de ce qui émerge dans ces matrices sacrées.
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