Valuable insights
1.Adapter l'accompagnement aux évolutions sociétales: Les pratiques sociales de formation et d'accompagnement doivent impérativement suivre les mutations sociétales, car les publics adoptent des comportements plus empiriques et opportunistes, en décalage avec les cadres institutionnels.
2.Désynchronisation entre usages et politiques publiques: Un écart croissant existe entre la facilité d'usage numérique des individus (rupture de contrat en un clic) et la rigidité des politiques publiques, souvent basées sur des présupposés de projet à long terme.
3.Rapport au temps court et au travail redéfini: L'engagement du public est lié à la visibilité rapide des résultats. Le travail est perçu comme un moyen d'améliorer la vie personnelle plutôt qu'une finalité, dans un monde caractérisé par l'incertitude (VICA).
4.Stratégies d'adaptation par la désynchronisation: L'adaptation passe par la sortie des évidences et l'adoption d'approches inédites. Les actions doivent privilégier la coconstruction et intégrer la pair-pédagogie pour répondre aux attentes actuelles.
5.L'expérimentation comme moteur de l'innovation: L'expérimentation est la meilleure pratique pour les professionnels et les bénéficiaires. Elle permet l'invention en situation, une compétence que les algorithmes ne peuvent pas remplacer, favorisant l'apprentissage par l'action concrète.
6.L'IA remet en question les outils traditionnels: L'intelligence artificielle rend obsolètes certains dispositifs comme la lettre de motivation. Les professionnels doivent se concentrer sur les dimensions non programmables : l'invention et l'absorption de la complexité pour autrui.
7.L'implication des publics dans la gouvernance: L'intégration des usagers dans les processus décisionnels et l'aménagement des modalités d'accompagnement (multimodalité) garantissent une meilleure adéquation entre les propositions et les préoccupations réelles du public.
Introduction : L'évolution des métiers de l'accompagnement
À l'occasion du cinquantenaire des GRETA, ce podcast explore les mutations du secteur de la formation professionnelle. Il est souligné que les métiers de la formation et de l'accompagnement constituent des pratiques sociales qui devraient suivre de près les évolutions sociétales. L'invitée de cet épisode, Agnès CD, consultante, psychologue et ergonome, apporte son expertise sur l'accompagnement des publics en début de carrière professionnelle, ainsi que sur l'évolution et le maintien dans l'emploi.
Pourquoi s'adapter aux évolutions de notre société pour assurer l'accompagnement des publics en formation ?
L'adaptation de l'accompagnement devient une nécessité impérieuse face aux changements sociétaux qui modifient profondément les comportements des publics formés. Il est crucial de s'intéresser à la sociologie des individus, analysant comment ils interagissent avec la consommation, l'engagement et la prise de décision quotidienne, souvent en utilisant les nouvelles technologies. Malheureusement, les institutions et les politiques publiques restent souvent ancrées dans leurs présupposés initiaux, créant un décalage avec la réalité vécue par les usagers.
Comportements empiriques et rapport au temps court
Un écart significatif apparaît entre les approches institutionnelles, qui exigent un projet réel et validé pour toute mobilisation, et les pratiques publiques, qui sont de plus en plus empiriques et opportunistes. Le public tend à se concentrer sur ce qui est immédiatement présent et intéressant, plutôt que sur une projection lointaine. Par exemple, la loi du 1er septembre 2023 permet une rupture de contrat quasi instantanée pour un abonnement, alors que pour un demandeur d'emploi, l'arrêt d'une allocation chômage entraîne des délais de latence importants, illustrant une désynchronisation entre les usages et les politiques financières.
- Le rapport au temps est plus court-termiste, rendant les formations de 9 à 12 mois difficiles à envisager pour certains.
- L'engagement est conditionné par la possibilité de voir des résultats rapidement, souvent dans un horizon temporel très proche.
- Le travail est de plus en plus perçu comme un moyen de nourrir sa vie et non plus comme une finalité contraignante.
La transformation des rapports au travail et à l'autorité
Le rapport à l'autorité et à l'entreprise évolue. L'appartenance à l'entreprise, autrefois primordiale pour les générations plus âgées, cède la place à la recherche de flexibilité et d'équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Cette évolution est exacerbée par un manque de visibilité sur le futur, souvent résumé par l'acronyme VICA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigüe). Face à cette complexité, les actions d'appui doivent absorber cette difficulté pour proposer des cadres simples et non des certitudes illusoires.
Quelques pistes pour adapter les actions d'accompagnement des publics en formation
Pour adapter les actions d'accompagnement dans ce contexte mouvant, il est suggéré de suivre la voie de la désynchronisation, concept développé par le philosophe François Jullien. Cela implique de sortir des évidences et de remettre tout à plat. Une offre de service qui repose uniquement sur une information collective descendante n'est plus pertinente, car le public ne reviendra pas. Le professionnel doit désormais faire de l'inédit, proposer des approches que ni une vidéo ni un algorithme ne peuvent reproduire.
Nécessité de l'inédit et de la coconstruction
L'approche doit évoluer vers une logique de coconstruction et de coélaboration, où le public devient partie prenante du service rendu. Il est également essentiel de réintégrer la place des pairs, ou experts d'expérience, en utilisant des logiques de péragogie. Cette approche est souvent plus efficace car une partie du public fait bien plus confiance à ceux qui sont passés par là ou qui leur ressemblent, plutôt qu'aux experts traditionnels.
fait bien plus confiance à ceux qui sont passés par là ou qui effectivement vont ressembler d'une manière ou d'autre, qu'à des experts
- Les financeurs doivent faire confiance aux professionnels.
- Les directions et encadrements doivent faire confiance aux professionnels.
- Les professionnels doivent faire confiance aux bénéficiaires.
Face à l'incertitude, il est préférable de privilégier la régulation en situation plutôt que la planification rigide. Les individus attendent une aide pour réajuster ce qui se présente à eux, ce qui implique d'ouvrir le champ des possibles et d'avancer au gré des opportunités pour minimiser la déception.
Peut-on oser expérimenter aujourd'hui ?
L'expérimentation est non seulement possible mais nécessaire aujourd'hui, comme l'atteste le financement dédié à cet effet dans le cadre du Plan Investissement Compétences, visant les publics éloignés de l'emploi. La difficulté réside dans la pérennisation de ces expérimentations efficientes une fois les financements initiaux épuisés. Les générations actuelles, notamment Z et Y, expérimentent par nature, utilisant des stratégies d'essais et d'erreurs pour ajuster leurs stratégies.
L'expérimentation comme stratégie naturelle des jeunes générations
Les activités concrètes, basées sur l'expérimentation, constituent les meilleures pratiques tant pour les professionnels que pour les bénéficiaires, surpassant la simple réflexion théorique. Un professionnel de l'accompagnement est défini par sa capacité à inventer en situation, car ce rôle d'adaptation et d'improvisation est précisément ce que les algorithmes ne peuvent réaliser.
un professionnel d'accompagnement c'est un professionnel qui doit inventer en situation c'est pas un professionnel qui est programmé
Il est pertinent d'intégrer dans les pratiques pédagogiques des objets qui attirent le public, comme les jeux de type Escape Game. Ces formats incorporent une notion d'intrigue et d'éphémère qui maintient l'intention, l'engagement et la persévérance du public, des qualités essentielles pour la formation continue.
Le cas des missions locales, un terrain d'expérimentation au service des publics
Les Missions Locales représentent un terrain fertile pour l'expérimentation. Certaines structures permettent même aux jeunes de participer à la gouvernance, et pas seulement à l'aménagement des espaces de travail. Plus les usagers ont la possibilité de voir l'envers du décor, plus les propositions faites sont en phase avec leurs besoins réels. Il faut donc les sonder activement et intégrer la question du choix dans les modalités d'accompagnement.
Introduction du multimodal et de l'offre de service
Le concept de multimodalité, qui reflète la capacité du public à gérer ses finances ou consommer des médias à toute heure, doit être introduit dans les pratiques d'accompagnement. Donner le choix des modalités et l'aménagement des modules de formation confère au public le sentiment d'avoir la main sur son parcours. Il est également crucial d'associer les employeurs à ces nouvelles pratiques, car le marché du travail est en mutation.
- Préparation des jeunes à présenter leurs talents (offre de service).
- Implication des employeurs dans l'écoute des propositions.
- Nécessité de justifier les rejets pour maintenir la transparence.
L'impact de l'intelligence artificielle sur l'accompagnement
L'intelligence artificielle change fondamentalement la donne, rendant potentiellement obsolète la lettre de motivation. Les professionnels doivent se positionner sur ce que l'IA ne peut pas faire : conserver une dimension inédite dans l'accompagnement, c'est-à-dire la capacité d'aménager la formation en fonction du groupe et de la personne rencontrée. Il s'agit d'absorber la complexité pour rendre les choses simples pour l'usager, en s'appuyant sur ses ressources intrinsèques plutôt que sur ses manques.
Conclusion : L'utilité du professionnel au service du public
En conclusion, l'utilité du professionnel de l'accompagnement demeure, à condition qu'il soit constamment au plus près des préoccupations réelles du public, aussi triviales qu'elles puissent paraître. Qu'il s'agisse de trouver un travail pour pouvoir rentrer chez soi à une heure donnée, l'essentiel est de s'atteler à ces préoccupations immédiates, car l'adaptation continue est la clé pour accompagner efficacement dans un environnement complexe.
Questions
Common questions and answers from the video to help you understand the content better.
Comment les évolutions sociétales actuelles impactent-elles les attentes des publics en formation ?
Les évolutions sociétales, marquées par la technologie et un rapport au temps court, poussent les publics à adopter des comportements plus empiriques et opportunistes, exigeant des formations et accompagnements qui offrent des résultats rapides et visibles.
Quelle est la différence entre l'approche traditionnelle basée sur le projet et les comportements empiriques observés chez les jeunes ?
L'approche traditionnelle exige un projet réel et validé pour avancer, tandis que les comportements actuels sont plus empiriques et opportunistes, se concentrant sur ce qui est immédiatement présent et intéressant, plutôt que sur une projection lointaine.
Quelles stratégies l'accompagnement doit-il adopter pour se désynchroniser des évidences actuelles ?
L'accompagnement doit adopter la désynchronisation, c'est-à-dire sortir des évidences en proposant des approches inédites, basées sur la coconstruction avec le public et l'intégration de la pair-pédagogie, délaissant l'information purement descendante.
En quoi l'expérimentation est-elle considérée comme la meilleure pratique pédagogique face à l'algorithme ?
L'expérimentation est la meilleure pratique car elle force le professionnel à inventer en situation, une compétence non programmable. Les jeunes générations l'utilisent naturellement via des stratégies d'essais/erreurs, ce qui est plus efficace que l'application de schémas préétablis.
Comment l'intelligence artificielle modifie-t-elle le rôle du professionnel de l'accompagnement ?
L'intelligence artificielle menace les outils standardisés comme la lettre de motivation. Le rôle du professionnel doit se recentrer sur ce qui n'est pas programmable : l'invention en situation, l'absorption de la complexité et l'exploitation des ressources existantes chez la personne accompagnée.
Quelles pratiques innovantes les Missions Locales mettent-elles en œuvre pour mieux servir les publics ?
Certaines Missions Locales impliquent les jeunes dans la gouvernance et introduisent la multimodalité des choix. Elles favorisent l'approche par l'offre de service (présentation des talents) plutôt que par le CV, obligeant les employeurs à justifier leur sélection.
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