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    Conférence Dr Maela Paul 2017 : accompagnement et évaluation des pratiques professionnelles

    Valuable insights

    1.Prolifération de l'accompagnement dans tous les secteurs: L'accompagnement a connu une explosion des dispositifs autour des années 90 et 2000, s'étendant du travail social à l'économie, créant une ressource sociétale transversale.

    2.L'injonction sociale à l'autonomie et responsabilité: Le contexte de crise sociétale impose une injonction à l'autonomie et à la responsabilité individuelle, faisant de l'autonomie une nouvelle norme d'intégration pour tous les sujets.

    3.Distinction avec les traditions historiques: Contrairement aux figures traditionnelles comme le maître ou le mentor, l'accompagnement actuel se distingue par le refus de proposer un modèle ou un exemple à suivre.

    4.L'individu comme entrepreneur de sa vie: L'accompagnement répond à la problématisation de l'individu gestionnaire, qui doit développer un savoir narratif pour mettre en récit et donner sens à sa situation vécue.

    5.Passage de la substitution à la collaboration: La pratique vise à transformer l'action effectuée *pour* autrui ou *à sa place* vers une logique de travail *avec* autrui, favorisant l'activation et le pouvoir d'agir.

    6.Nécessité de doubler l'expertise par la posture: Le professionnel doit intégrer à sa posture d'expert métier celle d'accompagnant, ce qui implique de se départir de la position de celui qui sait et apporte la solution.

    7.L'accompagnement n'est pas la résolution de problèmes: L'acte d'accompagner n'est pas de solutionner, mais d'engager un travail réflexif visant la problématisation de la situation pour permettre à la personne de réévaluer son propre vécu.

    8.Fondements anthropologiques de l'accueil et de la présence: La posture fondamentale repose sur l'accueil inconditionnel de l'autre tel qu'il est, l'absence de jugement, et la capacité à se tenir dans une proximité sécurisante et stimulante.

    Définition et Prolifération de l'Accompagnement

    L'exercice de la fonction d'accompagnement nécessite une réflexion approfondie sur sa signification et le contexte dans lequel cette pratique émerge. Un phénomène social majeur s'est manifesté autour des années 90 et 2000, caractérisé par une prolifération des dispositifs d'accompagnement. Cette expansion touche des domaines variés tels que le travail social, l'éducation, la formation, l'orientation, l'insertion et même les secteurs économiques comme la banque. Ce terme fait consensus sans que sa définition précise ne soit établie, engendrant une nébuleuse de formes diverses comme le mentorat, le coaching ou le tutorat.

    Émergence et transversalité du concept

    L'accompagnement se révèle être transversal à une diversité de professions, ce qui lui confère une ressource territoriale, voire sociétale. Cette propagation remet en question une organisation jusqu'alors joyeusement disciplinée et sectorisée.

    • Travail social
    • Éducation
    • Formation
    • Orientation et Insertion
    • Santé
    • Secteurs économiques (Banques et Mutuelles)
    L'accompagnement est donc transversal à une diversité de profession et que par conséquent on peut dire que l'accompagnement porte une sorte de transversalité qui en fait une ressource territoriale gérer même une ressource sociétale.

    Crise Sociétale et Injonction à l'Autonomie

    L'émergence de l'accompagnement est intrinsèquement liée à un contexte socio-historique décrit comme un contexte de crise continue depuis la Seconde Guerre mondiale, incluant des crises éducatives, économiques avec le premier choc pétrolier et politiques. La crise, comprise comme une remise en question des modes de pensée et d'action établis, coïncide avec un passage de l'état providence à l'état accompagnant, appelé aussi état service. Ces nouvelles problématiques sociales se traduisent par une injonction pesant sur chaque individu : être autonome et responsable, porteur de projet.

    L'autonomie comme nouvelle norme d'intégration

    Cette injonction conduit à des pratiques professionnelles qui se veulent autonomisantes et individualisantes. L'autonomie apparaît comme la norme d'intégration sociale, ce qui nécessite une compréhension fine des différents paradigmes qui la sous-tendent, notamment entre la visée politique de construction du citoyen et la visée sociologique de singularité du sujet.

    Paradigme
    Origine
    Visée
    Philosophique
    Lumières
    Construction du citoyen (Autonomie politique)
    Sociologique
    Sujet
    Développement de la singularité (Autonomie du sujet)

    La coexistence de ces deux conceptions de l'autonomie impose aux pratiques d'accompagnement d'être animées par des tensions et des paradoxes. L'émergence de la notion coïncide avec la formation des adultes, où l'on doit s'adresser à des personnes possédant une expérience et une histoire, sollicitant ainsi leur réflexivité.

    Traditions Historiques et Posture de l'Accompagnant

    Le concept d'accompagnement, bien que n'appartenant pas au vocabulaire professionnel il y a peu, trouve ses racines dans des usages ordinaires et des traditions anciennes. Ces traditions, comme celle du maître au disciple ou du compagnonnage, partageaient une caractéristique essentielle : le maître était toujours un modèle à suivre, un exemple. Dans le compagnonnage, l'apprenti devait d'abord accomplir tout son parcours pour devenir compagnon, symbolisé par la boucle d'oreille signifiant que la boucle est bouclée.

    Distinction entre posture et pratique

    L'accompagnement, dans sa forme contemporaine, questionne d'abord la manière d'agir en situation professionnelle et se définit comme une posture avant de devenir une pratique professionnelle structurée. Cette posture doit s'inscrire dans l'exigence de former des individus autonomes et responsables, tout en étant contrainte par la temporalité du projet. L'égalité est un concept fort, bien que la relation tende vers elle, une injonction à l'autodiscipline demeure.

    • Autoformation et auto-direction
    • Auto-organisation et auto-gestion
    • Responsabilité individuelle du parcours

    L'autonomie se mue en compétence à acquérir, condition de réussite scolaire, d'orientation et d'adaptation sociale. Cela conduit à une nouvelle problématisation de l'individu, souvent qualifié d'« entrepreneur de sa vie », devant se sortir seul de toute situation difficile.

    L'Individu Gestionnaire et le Savoir Narratif

    Le développement de l'individualité fait reposer l'accompagnement sur un nouveau savoir fondamental : le savoir narratif. Toute personne accompagnée doit développer la mise en récit, la description ou la mise en mots de la situation dans laquelle elle se trouve. Cette exigence crée une nouvelle compétence pour les formateurs, celle de savoir écouter et créer les conditions pour cette mise en récit, et une injonction pour l'accompagné à devoir se dire.

    Naviguer entre les écueils contextuels

    Il est crucial de développer un esprit critique pour être conscient du cadre dans lequel l'accompagnant est pris, afin de naviguer et d'éviter les écueils, sans porter de jugement de valeur sur la pratique elle-même. L'accompagnement est devenu une commande sociale, vérifiée par la création de dispositifs financés.

    Concept
    Implication
    Dispositif
    Ce qu'une société met en place pour lutter contre ce qui fait problème
    Accompagnement
    Mission d'intérêt public répondant à un besoin défini socialement

    L'accompagnement se met ainsi au service d'une politique d'activation individualisante, visant à solliciter le pouvoir d'agir des sujets. Cette politique induit un changement majeur dans la relation à l'autre, passant d'une logique de substitution à une logique de collaboration effective.

    Transformer la Commande Sociale en Pratique Professionnelle

    Les enjeux de la pratique d'accompagnement résident dans la transformation d'une commande sociale massive en pratiques professionnelles construites collectivement. Il est impossible de définir l'accompagnement de manière purement individuelle ; sa réflexion doit se faire ensemble pour clarifier ce qui est réellement accompli lorsqu'on accompagne. Cette transformation permet de faire passer l'accompagnement d'une simple réponse à un remède social à une véritable ressource territoriale ou sociétale, modifiant les relations de travail.

    Le passage du "pour" à l'accompagnement "avec"

    Le changement politique d'activation individualisante marque le passage d'une logique de substitution, où l'on agit pour autrui, à une logique d'accompagnement avec autrui. Ce glissement méthodologique est fondamental pour éviter les pratiques d'abstraction totale, comme lorsqu'une équipe construit seule le projet d'une personne, ce qui constitue une aberration pratiquée.

    • Doubler la posture d'expert métier par une posture d'accompagnant
    • Se départir de la position d'expert qui sait pour l'autre
    • Être interpellé sur ses propres représentations et valeurs

    Le professionnel qui refuse d'apporter la solution est nécessairement confronté au doute, puisqu'il ne peut plus utiliser son savoir préétabli. L'accompagnement s'adresse à l'individu dans sa globalité, y compris ses dimensions affectives et spirituelles, en s'appuyant sur ses capacités d'autonomie déjà développées.

    Fondements Anthropologiques et Figures de l'Accompagnement

    La posture d'accompagnement, considérée comme le nerf de la guerre, est ce qui déclenche les techniques d'écoute. Ses fondements ne sont pas exclusivement professionnels mais anthropologiques, reposant sur l'accueil et la présence à l'autre. L'accueil signifie marquer et accompagner l'arrivée de quelqu'un, impliquant une absence totale de jugement et la capacité de se tenir dans la proximité sans générer de réaction d'agression, de fuite ou de tétanisation chez l'autre.

    Les trois figures traditionnelles de l'accompagnement

    Cette posture anthropologique s'inspire de trois figures traditionnelles. La première est celle du clinicien, qui s'incline au chevet de l'autre, ne pouvant savoir ce que l'autre vit avant de se pencher pour recueillir son expérience. Le principe associé est celui de « ne pas nuire », ne pas se substituer à l'autre.

    Figure
    Principe Fondamental
    Le Clinicien
    Ne pas savoir ce que l'autre vit et ne pas se substituer
    Le Maïeuticien (Socrate)
    Ne pas savoir à la place de l'autre (accoucheur des savoirs)
    Le Passeur
    Travail à sa propre inutilité, émancipation de l'autre

    La figure du passeur, observée dans l'accompagnement palliatif, travaille dès le début à sa propre inutilité, car son objectif est l'émancipation de la personne accompagnée. Le travail consiste à questionner pour faire émerger le savoir situé que la personne possède sans savoir qu'elle le sait.

    Processus, Phases Méthodologiques et Axes de la Relation

    L'accompagnement repose sur deux axes fondamentaux : l'être avec (la relation) et l'aller vers (la mise en chemin). Le professionnel passe alors du statut d'expert à celui de facilitateur, un inducteur de réflexivité utilisant une parole incitative. Il ne s'agit plus de diriger ou d'orienter, mais de soutenir la personne potentiellement autonome dans ses choix.

    Les trois phases du "Aller Vers"

    Le cheminement méthodologique se déploie en trois phases séquentielles. Il débute par une mise en mots de la situation par la personne elle-même, un travail de nomination essentiel pour rendre intelligible ce qui est confus intérieurement. Ce processus utilise les techniques d'écoute active pour cette première étape.

    • Nomination (Mise en mots de la situation vécue)
    • Clarification/Explicitation (Questions pour comprendre le contexte)
    • Problématisation (Identifier le problème central qui travaille la personne)

    L'objectif de ces phases est de permettre à la personne de réévaluer la manière dont elle décrit sa situation, lui offrant un pas de côté pour interpréter différemment et rendre la situation plus viable. Les techniques de questionnement, notamment celles de Pierre Werner, sont mobilisées pour produire du questionnement plutôt que de simples réponses.

    Éthique, Double Visée et Remise en Question des Rôles

    L'accompagnement doit répondre à une double visée : productive, en générant des résultats en lien avec la commande institutionnelle, et constructive, en répondant aux aspirations de la personne. Cette dualité questionne le cadre institutionnel, qui doit être structuré tout en tolérant les singularités et en sécurisant la parole de l'accompagné.

    La posture éthique et la légitimation

    La posture éthique est centrale et implique un questionnement constant sur ce que l'accompagnant fait et pour quel monde il travaille. Il est impératif de légitimer la demande de la personne, même si celle-ci sollicite une prise en charge, en proposant un travail commun plutôt qu'en rejetant d'emblée la demande.

    Accompagner c'est contribuer à travers une pratique dialogique et réflexive à inscrire autrui dans une réalité qu'ils soient existentiellement et socialement viable pour lui et désirable par lui.

    L'un des enjeux majeurs est la confrontation entre la demande de qualité (liée au temps nécessaire à la réflexivité) et les injonctions institutionnelles de résultats rapides. La créativité dans ce cadre naît de la contrainte, obligeant à explorer la plus petite marge de manœuvre pour que quelque chose advienne, permettant une ouverture durable pour la personne.

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