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    Cartographie : comment représenter le monde - Le dessous des cartes | ARTE

    Valuable insights

    1.La cartographie révèle les perspectives culturelles: Les représentations cartographiques ne sont jamais neutres ; elles varient selon la culture et la position géographique de ceux qui les produisent ou les utilisent, comme le montre la différence entre cartes européennes et chinoises.

    2.L'Europe au centre des conventions occidentales: Historiquement, la cartographie occidentale place l'Europe au centre et le Nord en haut, des conventions qui ont conféré une intelligibilité quasi universelle aux cartes produites par les puissances maritimes dominantes.

    3.La Chine utilise la carte pour affirmer sa puissance: La tradition cartographique chinoise positionne l'Empire du Milieu au centre. Des cartes modernes chinoises récentes mettent en scène des ambitions géopolitiques, plaçant Pékin au centre et inversant parfois la position des rivaux américains.

    4.Mercator et la suprématie cartographique européenne: La projection cylindrique de Mercator (1569) s'est imposée comme norme mondiale grâce à son utilité pour la navigation, mais elle a servi à légitimer la suprématie des puissances européennes et nordiques.

    5.Critique de la déformation des surfaces par Mercator: Depuis les années 1970, la projection de Mercator est contestée car elle déforme considérablement la taille des terres proches des pôles, minimisant ainsi la superficie réelle des pays du Sud.

    6.La carte comme reflet des enjeux multipolaires: Le monde actuel, devenu multipolaire, pose la question de remplacer un centre atlantique par une nouvelle organisation graphique, mais toute tentative de centrage (sino-centré par exemple) implique des choix politiques.

    7.Toute carte véhicule un discours politique: Chaque planisphère possède des défauts intrinsèques, comme l'attribution d'un centre ou d'un haut/bas, et sert à mettre en scène le pouvoir, y compris dans l'affichage des frontières contestées comme en Crimée.

    La subjectivité des représentations cartographiques

    L'observation de classes scolaires à travers le monde révèle une divergence fondamentale dans la manière dont les élèves appréhendent leur environnement spatial. Si la présence de cartes et d'atlas est universelle, le contenu de ces outils diffère radicalement selon l'origine géographique. Les représentations cartographiques évoluent intrinsèquement en fonction de l'endroit où l'on vit, illustrant que la géographie enseignée est rarement objective, mais plutôt le reflet des perspectives dominantes locales.

    L'influence de la localisation sur la carte

    En Occident, la convention veut que l'Europe soit positionnée au centre de la représentation. Inversement, la Chine se conçoit traditionnellement comme l'Empire du Milieu. Cette subjectivité s'étend aux zones litigieuses : les cartes maritimes de Chine varient selon que l'on soit Chinois ou Japonais, et les représentations du Sahara occidental diffèrent profondément entre une perspective marocaine et une perspective algérienne, malgré l'existence du droit international.

    Les conventions cartographiques occidentales et l'hégémonie européenne

    Les émissions de ce programme commencent souvent par un planisphère d'apparence classique, adoptant l'orientation du Nord en haut et centrant l'Europe, une convention établie pour faciliter l'orientation des téléspectateurs européens. Ces cartes respectent des conventions typographiques et graphiques, telles que l'indication des dates d'adhésion des pays à l'Union européenne ou la mention des toponymes, conférant à la cartographie une intelligibilité qui paraît universelle.

    Le planisphère chinois de Matteo Ricci

    Le plus ancien planisphère chinois connu, datant de 1602 et imprimé par le missionnaire italien Matteo Ricci à la demande de l'empereur Wanli, utilise pourtant les codes graphiques familiers : points, traits et surfaces. La différence majeure réside dans le positionnement : le centre du monde n'est pas l'Europe, mais la Chine, conformément à la tradition cartographique chinoise de l'Empire du Milieu.

    Le planisphère de l'Italien Matteo Ricci, est un habile compromis entre des conventions européennes, les siennes, et un discours politique chinois pour qui l'empire du Milieu est le centre du monde.

    La Chine au centre : Ambitions politiques et cartographie moderne

    La représentation cartographique est intrinsèquement liée aux ambitions politiques et géopolitiques des États à travers les époques. Un exemple notable est la carte du monde conçue en 2002 par Hao Xiaoguang, expert de l'académie chinoise des Sciences sociales, qui place la Chine au centre et positionne le rival américain tête en bas, suggérant une route directe entre Pékin et Washington.

    • Légitimant les intérêts chinois autour de l'océan Arctique.
    • Soulignant la région stratégique de l'océan Indien pour l'expansion chinoise vers le sud.

    L'ère des Grandes Découvertes et l'imposition des normes

    Depuis les Grandes Découvertes, les navigateurs portugais, espagnols, britanniques et français ont conféré au continent européen une suprématie mondiale. C'est dans leur sillage que les normes de la cartographie moderne se sont imposées progressivement, marquant le début d'une domination symbolique de la représentation du monde.

    L'hégémonie de la projection de Mercator et ses conséquences

    En 1569, le cartographe flamand Gérard De Kremer, dit Mercator, a inventé un système de projection cylindrique essentiel pour la navigation maritime, permettant de représenter fidèlement les contours des continents sur une surface plane. Ce système a connu un succès fulgurant et son planisphère s'est imposé progressivement comme la référence absolue pendant plusieurs siècles.

    Caractéristique
    Projection Classique (Mercator/Vidal)
    Position de la France
    Centrale, alignée sur le méridien de Paris
    Pays du Nord
    Trônant au-dessus des pays du Sud
    Autres nations
    Reléguées en périphérie du centre européen

    Au début du XXe siècle, le géographe Paul Vidal de la Blache utilisait encore cette projection pour enseigner les colonies françaises. Le planisphère utilisé par l'émission perpétue en partie cette image d'un monde centré sur l'Europe, une vision qui, si elle était celle de Mercator au XVIe siècle, n'est sans doute plus tout à fait représentative du monde actuel.

    La contestation des normes : Déformations et enjeux géopolitiques

    L'histoire de la cartographie est inséparable des conventions eurocentrées issues de Mercator, mais depuis 1970, ces normes sont de plus en plus contestées à mesure que le pivot des relations internationales se déplace. Il devient nécessaire d'évoluer pour traduire graphiquement les enjeux géopolitiques contemporains.

    La critique de la déformation des surfaces

    La projection de Mercator est critiquée pour son incapacité à respecter les surfaces continentales réelles : plus on s'éloigne de l'équateur, plus la taille des terres émergées est déformée. Les indicateurs de Tissot, employés depuis le XIXe siècle, permettent d'évaluer ces déformations lors du passage de la sphère terrestre au plan de la carte.

    La projection de Mercator contribue à survaloriser les terres riches des pays du nord, en minimisant la taille des pays pauvres du sud.

    L'intellectuel allemand Arno Peters, engagé dans le mouvement tiers-mondiste, propose en 1974 de réhabiliter la projection Gall (1855) afin de montrer la vraie taille des continents occultée par Mercator. Le programme utilise la projection Eckert IV, une voie médiane assumée entre le pur Mercator et les partis pris de Peters, bien que celle-ci peine à traduire graphiquement les enjeux actuels.

    Représenter un monde multipolaire et les limites intrinsèques de la carte

    Sur les fonds de cartes actuels, le monde demeure organisé autour de l'océan Atlantique et de ses puissances riveraines, au détriment de la région Asie-Pacifique, pourtant au cœur des attentions géopolitiques. La question se pose alors de savoir comment traduire graphiquement et objectivement ce nouveau monde devenu multipolaire.

    Le piège du choix d'un nouveau centre

    Adopter un point de vue sino-centré, tel que celui de Matteo Ricci, reviendrait à acter trop rapidement le déclassement de l'Europe, qui demeure une puissance importante. De plus, cela impliquerait de rallier la vision des dirigeants chinois au détriment d'autres leaderships prégnants, notamment celui des États-Unis.

    • Attribuer des bords nets à une planète qui est ronde.
    • Posséder un centre qui attire l'œil de manière préférentielle.
    • Valoriser inconsciemment ce qui est placé en haut de l'image, au détriment de ce qui est en bas.

    L'expérience de l'inversion du haut et du bas, tentée par l'Australien McArthur en 1979 pour sortir son pays de la relégation en bas à droite, rappelle que toutes les représentations véhiculent un discours, qu'il soit assumé ou non.

    Conclusion : La carte comme mise en scène du pouvoir

    Mettre en carte son territoire équivaut à mettre en scène son propre pouvoir. L'exemple de Google Earth illustre cette dynamique : pour un GPS européen, la Crimée présente une frontière disputée depuis 2014 ; pour un internaute russe, une frontière internationale sépare la Crimée de l'Ukraine, intégrant tacitement la péninsule à la Fédération de Russie.

    La méthode de représentation des territoires contestés

    Afin de ne pas cautionner l'annexion illégale de la péninsule par la Russie, le programme représente la Crimée avec des hachures, indiquant clairement qu'il s'agit d'un territoire disputé. Cette attention au détail montre que la cartographie est un acte politique constant.

    • Croiser les regards et varier les points de vue.
    • Sourcer rigoureusement les informations.
    • Veiller à ne jamais brouiller les cartes par des prises de position graphiques non justifiées.

    Questions

    Common questions and answers from the video to help you understand the content better.

    Pourquoi les cartes chinoises placent-elles traditionnellement la Chine au centre du monde ?

    La Chine se représente historiquement comme l'Empire du Milieu, ce qui se traduit dans sa cartographie traditionnelle par un positionnement central, contrairement à la convention occidentale qui centre l'Europe.

    Qu'est-ce que la projection de Mercator et pourquoi est-elle critiquée pour les pays du Sud ?

    La projection de Mercator est un système cylindrique utile pour la navigation maritime, mais elle est critiquée car elle déforme la taille des terres au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'équateur, minimisant la superficie réelle des pays situés dans l'hémisphère Sud.

    Comment la cartographie moderne reflète-t-elle les ambitions géopolitiques de la Chine ?

    La Chine utilise des cartes récentes, comme celle de Hao Xiaoguang, pour légitimer ses intérêts stratégiques, notamment en plaçant Pékin au centre et en orientant la carte pour souligner les relations directes avec les puissances rivales comme les États-Unis.

    Quelle est la différence entre la projection de Mercator et la projection de Gall selon Arno Peters ?

    Arno Peters soutenait que la projection de Gall (1855) montrait la vraie taille des continents, contrairement à Mercator qui survalorisait les terres du Nord au détriment des pays du Sud.

    Comment les plateformes comme Google Earth affichent-elles les territoires contestés comme la Crimée ?

    L'affichage des territoires contestés dépend de la localisation et des conventions du GPS utilisé : un utilisateur européen verra une frontière disputée, tandis qu'un utilisateur russe verra la Crimée intégrée à la Fédération de Russie.

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