Valuable insights
1.Neurosciences : Clés de compréhension du cerveau: Les avancées en neurosciences offrent des clés fondamentales sur le fonctionnement cérébral et les mécanismes d'apprentissage, mais ne dictent pas la pédagogie optimale à appliquer en salle de classe.
2.Redéfinir les finalités de l'éducation: L'éducation du 21e siècle doit intégrer l'épanouissement humain complet plutôt que de se concentrer uniquement sur la formation de capital humain économique pour la richesse nationale.
3.Transmettre explicitement l'art d'apprendre: Il est essentiel d'enseigner aux élèves des stratégies d'apprentissage efficaces et des connaissances sur leur propre cerveau, car ces savoirs sont inégalement répartis selon l'origine sociale.
4.La métacognition réduit les inégalités scolaires: La planification, la supervision et l'évaluation des erreurs (métacognition) sont des stratégies clés à transmettre dès la maternelle pour réduire les disparités d'acquisition du langage écrit.
5.Le cerveau reste plastique jusqu'à 25 ans: Le cerveau se développe jusqu'à 20 ou 25 ans et demeure plastique toute la vie, contredisant les conceptions figées des élèves concernant leurs aptitudes innées ou génétiques.
6.L'attention et le mythe du multitâche: L'attention demande un effort cognitif important; le multitâche est inefficace. Il faut privilégier des sessions de travail courtes et régulières, ponctuées de pauses, pour maintenir la concentration.
7.L'IA : Enjeu pédagogique, non bannissement: L'intelligence artificielle est une révolution. L'école doit former les élèves à son utilisation critique, en leur apprenant à détecter les biais et les limites des algorithmes.
8.PISA révèle les fortes inégalités françaises: L'analyse des résultats PISA doit mettre l'accent sur le fait que la France présente certaines des inégalités éducatives les plus marquées parmi les pays de l'OCDE.
Introduction au podcast et à l'invité
L'épisode du podcast Les Adultes de Demain, animé par Stéphanie et Sylvie Desclleb, aborde les grands enjeux des apprentissages pour les enfants du 21e siècle. L'invité est Grégoire Borst, directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant au CNRS. Il est un spécialiste du cerveau dont l'action vise à fournir aux jeunes des stratégies d'apprentissage efficaces et une compréhension du fonctionnement de leur propre cerveau.
L'objectif de changer l'école
Le professeur Borst, spécialiste des neurosciences cognitives de l'éducation, œuvre activement pour une transformation de l'école. L'enjeu majeur est de s'assurer que l'institution républicaine permette à chacun de réussir et de s'épanouir une fois sorti du système. Il s'agit d'un exercice prospectif visant à armer les cerveaux des élèves pour leur vie future d'adultes.
Neurosciences : Révolution et limites dans l'éducation
Les apports des neurosciences ont récemment été au centre des débats médiatiques. Cette discipline constitue une véritable révolution technologique, comparable à l'invention du microscope, permettant d'examiner l'organe biologique qui soutient la pensée. Cette nouvelle capacité d'observation modifie profondément la compréhension des mécanismes psychologiques.
c'est un changement majeur finalement pour la compréhension de nos mécanismes psychologiques
Prudence nécessaire face aux avancées
Des réserves doivent être maintenues, car les neurosciences cognitives intégratives sont une science relativement nouvelle, avec seulement 30 à 40 ans de mise en perspective des résultats. Il est erroné de croire que l'observation de l'activation cérébrale permet de déterminer simplement la meilleure pédagogie à appliquer dans une classe.
- Les neurosciences offrent des clés de compréhension sur des phénomènes déjà étudiés sous d'autres angles.
- Elles mettent en lumière l'impact précoce du milieu social sur le développement cérébral et les inégalités éducatives qui en découlent.
Redéfinir les finalités de l'éducation au 21e siècle
Le cerveau humain, composé de 86 milliards de neurones connectés par un million de milliards de connexions, possède une complexité qui a permis le développement de l'intelligence. Le grand enjeu du 21e siècle est de redéfinir collectivement ce que l'on attend de l'éducation, au-delà des recettes du 19e et 20e siècle.
Deux visions de l'éducation
Deux conceptions majeures s'opposent : celle de l'OCDE, axée sur le développement de compétences pour le capital humain et la production de richesse, et celle de l'UNESCO, plus humaniste, visant l'épanouissement humain dans toutes les sphères (personnelle, professionnelle, sociale). Il est nécessaire de trouver une manière d'intégrer ces deux visions.
- Les recettes pédagogiques du 19e et 20e siècle ne suffisent plus au 21e siècle.
- Les systèmes éducatifs actuels sont à bout de souffle, confrontés à une crise de la motivation des élèves.
- Il faut repenser en profondeur les systèmes pour doter les élèves des compétences intellectuelles, socio-émotionnelles et professionnelles nécessaires.
L'exemple de la coopération
Apprendre à coopérer est fondamental dans les sociétés actuelles. La complexité du monde exige d'interagir, de construire des relations sociales apaisées et de tolérer la différence, car la coopération est la condition même du succès collectif face aux enjeux majeurs comme le changement climatique.
L'importance d'apprendre à apprendre et la métacognition
Apprendre à apprendre signifie enseigner de manière explicite quelles sont les stratégies les plus efficaces pour l'acquisition de connaissances. Cela inclut la compréhension du système de mémorisation, l'importance des émotions ressenties lors de l'apprentissage (plaisir de la réussite, négativité de l'erreur), qui sont des facteurs fondamentaux.
Connaître son cerveau pour mieux apprendre
Il est anormal que les élèves débutent leur scolarité sans connaissances sur le cerveau, car cela constitue une clé de compréhension de leurs propres apprentissages. Les stratégies efficaces sont très inégalement réparties, dépendant fortement du milieu familial, ce qui génère des implicites qui construisent les inégalités éducatives observées.
- Planification : Réfléchir aux stratégies à utiliser avant une activité (ex: puzzle).
- Supervision : Ajuster la stratégie en cours d'activité si nécessaire.
- Évaluation : Tirer des leçons de ses erreurs pour développer de nouvelles compétences.
Formation des enseignants et action précoce en maternelle
Les enseignants sont conscients que le système éducatif peine à réduire les inégalités et sont très actifs dans la recherche de solutions. Les chercheurs ont un enjeu : ouvrir un canal de communication avec la communauté éducative et développer des recherches évaluant l'impact de la formation des enseignants sur leurs gestes professionnels.
La métacognition dès la maternelle
Les stratégies métacognitives peuvent être mises en place dès le plus jeune âge, contrairement à l'idée erronée qu'elles nécessitent des structures logiques complexes de type piagétien. Des processus métacognitifs sont observables chez les enfants de maternelle, indiquant que c'est là qu'il faut agir pour éviter la construction des inégalités.
La mère de toutes les batailles est la maternelle. Si tous les élèves sont armés de stratégies d'apprentissage efficaces dès ce niveau, il y a une chance de limiter les inégalités qui se construisent lors de l'apprentissage du langage écrit, lesquelles ont des répercussions sur toute la scolarité future.
Pédagogies alternatives et développement de l'attention
Les pédagogies alternatives, telles que Montessori, ont souligné l'importance de mécanismes critiques comme l'attention. Maria Montessori avait raison d'insister sur l'enseignement de l'attention, car le système éducatif demande souvent aux élèves d'être concentrés sans jamais leur expliquer comment fonctionne ce système intentionnel.
L'autorégulation comme compétence clé
Lorsque Maria Montessori demande aux élèves de réguler leurs gestes moteurs pour transvaser de l'eau avec une petite tasse, ce sont leurs capacités d'autorégulation comportementale qui sont développées. Le contrôle de soi est une compétence essentielle, prédictrice de la bonne santé et de l'épanouissement professionnel futur.
- Les pédagogies alternatives soulignent l'importance des processus transversaux communs à tous les apprentissages.
- Du temps doit être explicitement dédié dans les programmes pour travailler ces compétences fondamentales.
Analyse des groupes de niveau et données probantes
L'analyse pragmatique des groupes de niveau basés sur des moyennes générales montre que cette mesure ne fonctionne pas, selon les expérimentations menées notamment par l'Education Endowment Foundation en Angleterre. Ces dispositifs engendrent des coûts importants et retirent du temps d'apprentissage effectif, produisant très peu d'effets positifs.
Les dangers des hiérarchies sociales
Créer des groupes de niveau, même basés sur une notion spécifique (différenciation pédagogique), engendre des hiérarchies sociales au sein de la classe. Ces structures créent des phénomènes de stéréotypes (endogroupe/exogroupe) qui nuisent au climat scolaire apaisé. Si les décisions publiques doivent être basées sur des données probantes, il est paradoxal de mettre en place des mesures dont la science démontre l'inefficacité.
Comprendre le cerveau : Plasticité et adolescence
Un enseignement clé pour les enfants est que leur cerveau se développe longtemps, jusqu'à 20 ou 25 ans, et qu'il reste plastique tout au long de la vie. Cette plasticité signifie que la capacité à transformer les connexions neuronales pour de nouveaux apprentissages est toujours présente, contredisant les conceptions figées des élèves sur leurs compétences.
ils sont assez fixés sur le fait que ils sont soit bons soit mauvais en mathématiqu ils sont soit bon soit mauvais en français
Expliquer ce développement cérébral et cette plasticité modifie le rapport aux apprentissages, en soulignant que l'effort permet de développer des compétences. Il faut également comprendre les spécificités de l'adolescence, période où les systèmes émotionnels et de récompense prennent le pas sur d'autres, offrant une clé de compréhension de soi-même.
Attention, concentration et le mythe du multitâche
Contrairement à ce que certains médias suggèrent, la capacité attentionnelle des individus n'a pas chuté. Cependant, la société numérique rend la concentration difficile car l'attention fonctionne sur un système On/Off permanent, exigeant d'importantes ressources cognitives et énergétiques pour rester focalisé.
Stratégies pour l'élève et l'enseignant
Pour l'élève, il est plus efficace de travailler par blocs courts de 20 à 30 minutes, suivis d'une courte pause, plutôt que de s'engager dans des révisions prolongées. Côté enseignant, maintenir l'attention passe par des stratégies pédagogiques régulières, comme poser des questions fréquemment pour réengager les élèves.
L'impact de l'intelligence artificielle sur l'apprentissage
L'idée d'interdire les écrans ou l'intelligence artificielle à l'école n'a pas de sens face à la révolution numérique qui a eu lieu. L'enjeu pédagogique majeur est d'apprendre aux élèves à utiliser des outils comme ChatGPT et, surtout, à en détecter toutes les limites, car ces algorithmes comportent des biais et des erreurs.
comment on apprend effectivement à ses élèves à utiliser chat GPT et à en détecter toutes les limites parce qu'il y a énormément de limites
Il est nécessaire de faire réfléchir les élèves sur ce qui constitue l'intelligence humaine face à ces outils. Les compétences à développer relèvent davantage des questions éthiques, de la détection des biais et de l'acceptabilité des solutions proposées par les algorithmes, plutôt que du simple codage.
Systèmes éducatifs étrangers et rapports PISA
Certains systèmes éducatifs, comme ceux des pays nordiques, abordent les sujets avec des entrées disciplinaires moins cloisonnées qu'en France. Cependant, l'importation de solutions étrangères est délicate, car les systèmes éducatifs sont profondément culturels et historiques, nécessitant de trouver une solution française adaptée aux problématiques actuelles.
L'indicateur PISA et les inégalités
Les rapports PISA sont précieux car ils révèlent que la France est l'un des pays de l'OCDE où les inégalités éducatives sont les plus fortes à 15 ans. Se concentrer uniquement sur la réussite scolaire à court terme est une vision erronée, car l'objectif d'un système éducatif est de faire réussir les élèves une fois sortis du système.
Vœux pour les futurs adultes de demain
Le souhait pour les enfants d'aujourd'hui est de développer les compétences nécessaires pour s'épanouir en tant qu'adultes et potentiellement trouver des solutions aux grands défis sociétaux que les générations précédentes n'ont pas résolus, comme le changement climatique ou la gestion de l'intelligence artificielle.
- Recommandation de l'ouvrage "C'est pas moi c'est mon cerveau" pour comprendre l'adolescence.
- Recommandation de l'ouvrage "Le cerveau et les apprentissages" coécrit avec Olivier Houdet.
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